Aucun retard ne sera justifiable ni pris à la légère par les travailleurs. Les pouvoirs publics sont désormais appelés, plus que jamais, à faire preuve d'efficacité dans le traitement du dossier social. A compter de janvier 2007, toutes les augmentations salariales promises devront entrer en vigueur. Cela dit, aucun retard ne sera justifiable ni pris à la légère par les travailleurs, laissés jusqu'ici sur leur faim. Le comble, 20.000 employés ont passé la fête de l'Aïd et la nuit du Nouvel an sans salaires. L'Ugta, le syndicat «gentil», temporise encore, se contentant d'user de son langage classique: «La question des salaires impayés est prise en charge». Ou encore: «Nous sommes en train d'étudier la situation». Les états-majors des syndicats autonomes, quant à eux, à commencer par ceux de l'éducation, entament d'ores et déjà la recharge des batteries de la protestation. Il n'est pas question, à les entendre, d'attendre la vérification, la fin du mois, de leurs comptes. Ce n'est pas d'ailleurs l'unique requête qui figure sur la liste des réclamations et/ou reproches. Les syndicats de l'éducation, en l'occurrence le CLA et le Cnapest, réunis dans une nouvelle coalition dite de l'enseignement technique et secondaire, ne jurent que par la grève. Le drapeau rouge sera brandi, de nouveau, le 16 du mois en cours à travers les lycées du pays. Le ministère, comme à l'accoutumée, préfère s'engager dans l'éternelle politique de la carotte et le bâton. Certaines organisations, apprend-on, se sont déjà attablés avec les responsables du ministère pour une énième séance dite de «concertation». Encore un éventuel remake d'un scénario très connu, un feuilleton sans fin appelé guéguerre éducation nationale-syndicats autonomes. Quant aux organisations affiliées à la Centrale syndicale, celles-ci n'hésitent pas à danser à la valse des appels à l'entrevue. Une chose est sûre, les vrais problèmes de l'école algérienne demeurent encore en souffrance. Tandis que la grosse besogne de refonte n'a pas encore porté les fruits promis. Cette fois-ci, l'aventure ne se fera pas en solo. Le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Cnapest (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) s'adonnent à un véritable travail de coulisses avant de s'engager pleinement, le 16 janvier, dans l'action de protestation. C'est ce que nous avons appris de Redouane Osmane, l'infatigable porte-voix du CLA. C'est une grogne traditionnelle couplée à un bouillonnement issu de la nouvelle politique qui sera testée sur l'école technique. Celle-ci devrait, selon la nouvelle philosophie du ministère, grandir dans le giron de la formation professionnelle. Une politique aux contours flous qui fait déjà l'objet d'une grosse polémique au sein de la famille des enseignants, mais surtout de celle de l'élève. L'école algérienne donne l'impression de constituer un véritable jardin d'essais. L'université, quant à elle, ne promet pas, à cet effet, grand-chose. Le temps des remises en cause semble révolu pour le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes). L'ultime carton est remis à Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur. Le dossier des problèmes socioprofessionnels et celui du statut particulier de l'enseignant chercheur restent encore lettre morte dans les tiroirs du ministère. Ce qui laisse la parenthèse ouverte sur un possible nouveau coup de sang des professeurs du supérieur. Plutôt confirmé par le Cnes. Une grogne ouvrière pointait à l'horizon dans plusieurs autres secteurs. En fin de compte, le travailleur ne cherche plus midi à quatorze heures, mais que l'on réponde simplement à cette question: les promesses d'une revalorisation salariale et d'un Snmg à 12.000 dinars seront-elle tenues? Janvier 2007 est la dernière ligne droite, puisque ces même hausses salariales sont prises en charge par la loi de finances 2007. Les pouvoirs publics sont désormais au pied du mur.