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« La proposition du PDG est une humiliation »
Publié dans El Watan le 23 - 11 - 2004

Bien que Rachid Matassi, secrétaire général du Syndicat national de Naftec, se dise encore « ouvert au dialogue et à la concertation », il ne cache pas pour autant la détermination des conseils syndicaux de base à « rejeter la proposition de la direction générale et à repousser les arguments développés par cette dernière ».
Dans une déclaration faite à El Watan, M. Matassi a tenu d'abord à revenir aux sources du bras de fer qui oppose les syndicalistes à la direction générale de l'entreprise, et ce, depuis juillet dernier, en rapportant que « le 14 juillet déjà, nous avions engagé des négociations salariales avec la direction générale en demandant une augmentation de 25% à partir de janvier 2004 ». Il poursuit : « La direction générale a depuis refusé d'accéder à notre demande en présentant des développements que nous rejetons. » Matassi argumente « le bien-fondé » de la revendication du syndicat de Naftec par plusieurs facteurs. « D'abord, dira-t-il, la santé financière de Naftec n'est plus à démontrer. Le PDG lui-même ne rate pas une occasion pour exposer publiquement l'amélioration significative des résultats de l'entreprise en matière de production et de productivité. Ensuite, nous ne comprenons pas pourquoi refuser aux travailleurs un réalignement légitime sur le SNMG, puisque les cadres dirigeants de l'entreprise ont bénéficié d'une augmentation de 25% décidée par la bipartite d'octobre 2003. » Revenant par la suite aux arguments exposés par le PDG, M. Matassi juge que « l'explication donnée par la direction générale afin de justifier son refus d'accorder une augmentation salariale est erronée ».
CONSENTEMENT
Et d'expliquer : « La direction générale tente d'assimiler l'augmentation des salaires à une opération susceptible d'entraver le projet de réhabilitation des raffineries nationales. Nous disposons de chiffres qui démentent cette hypothèse, car si le montant alloué à la réhabilitation est de 110 milliards de dinars, la proportion globale du montant des augmentations salariales demandées à la base de 25% est de 0,003% seulement. En quoi ce taux influe-t-il sur le devenir des projets de réhabilitation ? » Par ailleurs, M. Matassi a évoqué que la direction générale, et malgré les multiples démarches syndicales, s'est maintenue à « une proposition très en deçà des revendications ». Il dira : « La direction générale nous a fait part de son consentement à revoir les salaires des travailleurs en proposant une augmentation de 5% à partir de janvier 2004 et 5% à partir de janvier 2005. C'est une décision que nous qualifions d'humiliation à l'égard des travailleurs. Car après les premiers rounds de négociations, nous avons revu nos revendications à la baisse pour proposer une augmentation de 15%, ce qui équivaut aux augmentations de l'entreprise mère Sonatrach. Mais malgré notre bonne volonté, la direction générale n'a pas pour autant abdiqué. » Il fera part également de la volonté de certains membres de la direction générale de saper le travail syndical par des manœuvres et autres manipulations afin de briser l'élan de solidarité des travailleurs. Chose que dément catégoriquement Cherouana Salah, PDG de Naftec, qui a tenu à assimiler les visites qu'il avait effectuées aux raffineries de Skikda, d'Alger et d'Arzew au cours de ce mois comme n'étant qu'« une tradition de gestion que nous avons de tout temps appliquée ». « Nous n'avons aucunement fait référence au travail syndical, mais nous avons tenté d'expliquer aux travailleurs la situation de leur entreprise. Je peux même vous certifier que j'ai ressenti une grande satisfaction auprès des travailleurs quant à notre proposition (augmentation des salaires de 5% en 2004 et 5% en 2005, ndlr). Ils préfèrent une augmentation de 10% en dix ans plutôt que d'hypothéquer l'entreprise ou de recourir aux compressions quoique je n'aie jamais envisagé une telle issue », précise-t-il. Revenant par la suite sur les revendications syndicales, M. Cherouana a déclaré : « Effectivement, nous avons jugé que l'augmentation des salaires de 25% était assez élevée. Car quand on se compare aux sociétés qui nous entourent, on trouve que Sonatrach a fait des augmentations de 10% seulement, que l'ENIP n'a procédé à aucune revalorisation et que Naftal n'a fait que 3% d'augmentation. Compte tenu de nos préoccupations et compte tenu des objectifs de modernisation de nos raffineries, nous avons décidé d'allouer l'augmentation que le partenaire social a refusée. Car notre objectif stratégique est de procéder à la modernisation et à la réhabilitation des raffineries. Un investissement qui nous revient à 1,3 million de dollars. Et nous devons prévoir une partie en cash sur notre trésorerie car le reste sera emprunté auprès des banques. Donc, on est obligés de tenir compte du programme de ces investissements et ne pas hypothéquer l'avenir de l'entreprise par ces augmentations. Nous nous devons d'être pragmatiques afin de pouvoir faire face dans l'avenir à la concurrence que vivra le monde du raffinage dans les prochaines années. » Au sujet des augmentations de salaire des cadres dirigeants évoquées par le syndicat, le PDG de Naftec a tenu à préciser que « c'est une décision gouvernementale et non propre à l'entreprise ». « Il est important de le dire, car les cadres dirigeants sont payés sur la base du SNMG, qui était à 8000 DA, et quand le gouvernement a décidé de le porter à 10 000 DA, ils ont été naturellement concernés. Donc qu'on ne nous impute pas ce qui ne nous concerne pas. » En conclusion, le PDG a réitéré la disposition de l'entreprise à rencontrer le partenaire social dans le cadre des réunions coutumières. A cet effet, les deux parties auront à se rencontrer demain.


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