Elle ne fait que confirmer les «croisades» menées depuis la dernière guerre en Irak. Une «mise à mort» et non une exécution de l'ancien président irakien. Le terme est approprié et surtout bien pesé par le gouvernement algérien, qui a regretté le fait que cette énième provocation à la nation arabe et musulmane intervienne «le jour de l'Aïd El Adha, jour sacré, dont l'esprit originel, évocateur de sacrifices, s'est sublimé dans les valeurs du pardon, de la clémence et de la générosité pour tout le monde arabo-musulman» Tout en estimant que la mise à mort de «monsieur» Saddam «a été établie par un jugement des hommes dans des circonstances et dans un contexte faisant l'objet d'appréciations antagonistes et de positions polarisées», le gouvernement algérien affirme que Saddam fait prisonnier de guerre «a été exécuté à la suite d'une condamnation à mort pour des actes relevant de ses activités à la tête de l'Etat irakien». Dans un communiqué rendu public, dimanche dernier, le gouvernement souligne que «cet événement et les actions de l'ancien chef de l'Etat irakien relèvent désormais du jugement de l'histoire et l'évaluation de sa vie appartient au jugement de Dieu». Ce précédent grave, qui s'inscrit en faux avec les conventions internationales des droits de l'homme, ne manquera pas d'exacerber les conflits confessionnels entre les chiites et les sunnites. D'ailleurs, l'Algérie «appelle les Irakiens de tous bords à un ressaisissement salutaire pour assurer un avenir qualitativement meilleur à leur pays dans l'unité de son peuple, l'intégrité de son territoire et la plénitude de sa souveraineté». Pour sa part, le parti du Front de libération nationale a été on ne peut plus clair: «C'est une humiliation et une provocation aux sentiments des musulmans», d'autant que sa mise à mort est intervenue à l'aube du premier jour de l'Aïd El Adha, a déclaré, dimanche, le parti du Front de libération nationale (FLN). Pour le FLN, Saddam n'a nullement été renversé par «son peuple, ni son armée», mais «il a été fait prisonnier de guerre par des forces non irakiennes que le Conseil de sécurité a qualifiées de forces d'occupation», a tenu à rappeler le parti, en ajoutant que l'ancien président irakien «a été jugé par une instance mue par un esprit de communautarisme haineux qui n'a ni foi ni loi». Cependant, le FLN qui admet que Saddam n'est pas au-dessus de tout reproche, considère tout de même que sa mise à mort est «un assassinat politique d'un dirigeant arabe qui croyait en la Nation, en une Palestine arabe et en un Irak souverain». Par ailleurs, dans un communiqué rendu public, hier le Parti des travailleurs, indique qu' «après un simulacre de procès, l'assassinat politique par pendaison de Saddam Hussein, prisonnier de guerre, ne fait qu'enfoncer l'Irak dans une situation de chaos sanglant». Selon le PT, l'«exécution de Saddam décidée par Bush au mépris de toutes les conventions internationales, notamment celle de Genève, confirme la nature barbare de l'occupation», avant de souligner le caractère provocateur de la date choisie pour exécuter l'ancien «raïs». En somme, la mise à mort de Saddam Hussein largement dénoncée à travers le monde, ne fait, en réalité, que confirmer les «croisades» menées depuis la dernière guerre en Irak par l'administration Bush, contre la nation musulmane. Agonisant et affaibli après les dernières élections parlementaires et le rapport Hamilton-Baker sur la situation en Irak, Bush ne sait désormais plus où donner de la tête.