Les dossiers traités, dans le cadre des textes de la Charte plébiscitée par le peuple algérien, concernent quelque 8000 cas. Intervenant, hier, sur les ondes de la Chaîne III, Me Farouk Ksentini a annoncé le chiffre de 7200 disparus après avoir soutenu auparavant que le nombre dépassait de peu les 6000 personnes. 183 d'entre elles ont réapparu à l'issue de leur libération par les services de sécurité. Par ailleurs, les dossiers des personnes touchées par la tragédie nationale, traités par sa commission dans le cadre des textes de la Charte plébiscitée par le peuple algérien, concernent quelque 8000 cas. 2200 prisonniers islamistes ont, aussi, été libérés dans le cadre de l'application des textes de cette charte. Au sujet des repentis ayant repris le chemin des maquis, il relèvera qu'il s'agit d'un nombre insignifiant qui n'influe nullement sur le cours des événements. Les seuls dossiers encore en suspens concernent une frange de la société, victime de la tragédie nationale et des décisions brusques et douloureuses prises par les autorités en 1992 qui ont ouvert des camps d'internement dans le Sud pour les sympathisants de l'ex-FIS. En effet, des milliers de personnes ont été mises dans dix camps de détention administrative. Le dernier camp n'a été fermé qu'au début du mois de décembre de l'année 1995. Selon l'un des porte-parole des victimes qui ont eu, récemment, une entrevue avec M.Farouk Ksentini, le nombre global varie entre 15.000 et 18.000. Après s'être constitués en collectif regroupant quelque 1500 anciens détenus, ces ex-détenus communément appelés les «oubliés de la Charte» libérés sans procès, car ayant pour la majorité des casiers judiciaires vides, ont remis des dossiers au représentant du chef de l'Etat qui les a transmis à son tour à qui de droit. L'affaire serait en bonne voie et nos sources nous ont fait savoir que le président de la République aurait désigné deux de ses conseillers pour donner suite aux doléances des victimes. Il s'agit, comme nous l'a fait savoir notre interlocuteur qui faisait partie des détenus du centre de In M'guel, d'indemnisation et surtout de la prise en charge des personnes malades ayant été contaminées par la radioactivité des anciens sites d'explosion des bombes nucléaires de l'armée coloniale qui englobent les régions d'Adrar, Reggane et In M'guel. D'autres ont gardé des séquelles diverses de leur séjour dans ces camps. L'autre point sensible et non encore résolu par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale a trait aux activistes encore dans les maquis. Ces irréductibles, même s'ils n'ont plus cette capacité de nuisance d'antan, restent dangereux pour la sécurité des citoyens. Et là encore, le président de la République s'est laissé une marge de manoeuvre pour trouver une issue en ne fermant pas les portes de la repentance et de la réconciliation malgré l'expiration des délais impartis par la loi. Le dernier appel de Hattab, l'ancien émir du Gspc, en direction de ses anciens compagnons de lutte pour déposer les armes et rejoindre la Réconciliations nationale, laisse entrevoir une note d'espoir de voir les rangs des activistes se réduire encore. C'est surtout une réponse positive au dernier discours du chef de l'Etat, que l'ancien chef du Gspc a d'ailleurs salué. L'année 2007 sera-t-elle celle du traitement définitif du dossier de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale? Ce qui ne peut signifier pour autant le règlement complet de la crise politique vécue par l'Algérie depuis le début des années quatre-vingt-dix. La problématique de la démocratie en Algérie et son corollaire, la liberté d'expression, reste entièrement posée. D'ailleurs, l'actuel président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh) l'a de tout temps clamé: une amnistie générale est inéluctable. Mais là encore, les enjeux politiques sont hautement plus importants car cette question remettra sur le tapis la lancinante question des responsabilités des uns et des autres dans la tragédie, passage obligé pour amnistier quiconque.