Au cours de son passage à l'émission “Questions de l'heure” sur la Chaîne III, le président du CNCPPDH a justifié le retard pris dans la promulgation de l'application de la charte pour la réconciliation nationale par la “délicatesse des situations qui seront traitées”. Par ailleurs, Farouk Ksentini a rappelé que 16 Algériens sont toujours détenus à Guantanamo. Le président de la Commission pour la promotion et la protection des droits de l'Homme révélera que 16 Algériens ayant la nationalité bosniaque sont actuellement détenus à Guantanamo. Pourtant, précisera-t-il, la justice de Bosnie les a disculpés. Ce sont les forces américaines qui les ont arrêtés à leur sortir de prison, ajoutera Ksentini tout en indiquant que “la commission qu'il préside n'a pas le droit de se mêler des dossiers internationaux. Ce sont les Affaires étrangères qui suivent cette affaire, mais les résultats n'arrivent pas car les Etats-Unis sont ce qu'ils sont”. Outre cette question, le président de la Commission consultative pour la promotion des droits de l'Homme a fait un large tour d'horizon des dossiers qui sont en rapport avec les droits de l'Homme.“Les indemnités, c'est un règlement partiel pour les familles de disparus”, a déclaré, hier, à l'émission “Questions de l'heure” de la radio Chaîne III le président de la Commission nationale pour la promotion et la protection des droits de l'Homme, Farouk Ksentini. “Ces familles ont, en effet, le droit de porter l'affaire en justice”, dira en substance l'invité de “Questions de l'heure” qui a affirmé, encore une fois, que la commission qu'il préside a exigé que “la vérité, quelle qu'elle soit, soit dite aux concernés”. Ksentini apportera, cependant, “une précision de taille : la commission ad hoc n'est ni une commission d'enquête ni une commission de justice”. Mais, si ces familles décident de porter l'affaire devant l'institution judiciaire, “c'est leur droit absolu et nous les soutiendrons”, ajoutera l'invité de la Chaîne III qui soutient toujours que “la responsabilité de l'Etat est une responsabilité civile en ce qu'il est responsable de la sécurité des personnes et des biens”. À une question sur le risque de passer à côté du travail de mémoire qui devait être fait, Farouk Ksentini, qui reconnaît que “la Charte pour la paix et la réconciliation nationale est une décision extrêmement difficile du fait qu'elle laisse intacts des crimes impunis”, souligne que “dans la vie, il faut faire des choix, et le choix a été fait pour sortir le pays de la crise qu'il a connue”. En plus, indiquera le président de la Commission pour la promotion et la protection des droits de l'Homme, “le pardon est quelque chose de recommandé par la religion”. À propos du retard dans l'élaboration des textes d'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, il a estimé que ce retard s'explique par “le caractère délicat” de ces textes. “Ce sont des textes fondamentaux, très importants, et s'il y a retard dans leur parution, il s'explique par la délicatesse des situations qui seront traitées”, a-t-il dit, estimant qu'“il n'est pas facile de déterminer, à titre d'exemple, les familles des disparus qui sont éligibles à percevoir une indemnité, ainsi que le montant de celle-ci”. Sur les disparus, M. Ksentini a réaffirmé que la Commission nationale a recensé plus de 5 000 familles concernées, dont 77% ont accepté le principe de l'indemnisation et 22% l'ont rejeté, estimant que depuis l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, cette situation a certainement évolué. Concernant les propos tenus récemment par l'ex-“émir” de l'AIS, Madani Mezrag, Me Ksentini dira qu'“il ne pense pas que la personne en question ait fait de telles déclarations”. Selon lui, l'ex-“émir” de l'Armée islamique du salut est “assez intelligent pour tenir de tels propos alors qu'en 1999, il militait pour la paix et la réconciliation nationale”. À la question de savoir si Madani Mezrag, après ses déclarations à la presse, va bénéficier des dispositions de la charte, Farouk Ksentini a expliqué que le texte est clair sur ce point : “Sont exclus seulement ceux qui ont commis des massacres collectifs, les viols et déposé des bombes dans les places publiques.” Interpellé sur l'emprisonnement des journalistes, l'interdiction des syndicats et des manifestations publiques, l'invité de “Questions de l'heure”, qui souligne qu'il est “contre que des journalistes soient envoyés en prison à cause de leurs écrits”, estime toutefois que “les marches n'ont jamais réglé les problèmes”. “Moi ce que je retiens, c'est l'évolution des droits de l'Homme dans notre pays depuis quelques années”, dira Farouk Ksentini en affirmant que la torture a cessé dans les commissariats, notamment depuis 2004, reconnaissant en revanche, l'existence “de dépassements dont les responsables ont été jusque-là sévèrement sanctionnés”. Evoquant les ressortissants algériens détenus dans des prisons à l'étranger, il a évalué leur nombre à “quelque 300 individus, dont la majorité était impliquée dans des affaires de petite délinquance”. Concernant l'état d'urgence, l'invité de la Chaîne III ne voit pas, “même s'il ne va pas être maintenu indéfiniment, pourquoi le lever alors qu'il y a encore de l'insécurité”. K. D.