La Maison-Blanche a commis deux erreurs politiques majeures: l'invasion de l'Irak et l'exécution de son ex-président par des sous-traitants. L'exécution de l'ex-président irakien, Saddam Hussein n' a pas encore livré tous ses secrets. La manière avec laquelle il a été châtié par ses bourreaux d'un jour et la programmation de la pendaison en cette journée sacrée de l'Aïd El Adha, fête religieuse pour l'ensemble des musulmans, sont la marque d'une intention délibérée de porter atteinte, non seulement à celui qu'on accuse de crimes contre l'humanité commis à Doujaïl, bastion chiite, mais aussi à toute la nation arabe et sa résistance qui a défié le projet du Grand Moyen-Orient que tente d'instaurer la Maison-Blanche. La précipitation dans l'exécution du raïs de Baghdad est une manoeuvre de G W.Bush qui a tout fait pour éviter à l'Amérique une humiliation de trop. La récente défaite des républicains (clan de Bush) et l'entrée en lice des démocrates qui seront majoritaires au Congrès à partir du 20 janvier prochain ont réduit les perspectives de la politique suivie jusque-là par le président américain et les néocons de la Maison-Blanche qui sont les stratèges de la politique «offensive» des USA qui a pris un tournant dangereux depuis l'invasion de l'Irak et les attentats du 11 septembre. La déroute de l'armée US en terre irakienne n'a d'égale que la défaite du Vietnam. En dépassant la barre des trois mille soldats tués dans ses rangs, tout en perdant le contrôle de la situation sécuritaire dans ce pays conquis avec une facilité déconcertante, l'armée américaine n'a d'autre alternative que de battre en retraite avant qu'il ne soit trop tard. Mais pas au point de laisser son prisonnier de guerre, Saddam Hussein, encore en vie. Témoin gênant si le procès de Halabja venait à se tenir, le président irakien devait évacuer la scène irakienne quelles que soient les circonstances. Même au prix de faire plaisir aux Iraniens qui tiennent leur vengeance à l'égard de celui qui a fait barrage à la déferlante vague chiite au Moyen-Orient. L'échec de la Révolution islamique iranienne sur le plan extérieur a pour origine l'attitude du président irakien, Saddam Hussein qui a dressé un véritable bouclier de protection pour l'ensemble du monde arabe. Particulièrement, les monarchies de la région. L'Occident avait pesé de tout son poids pour soutenir l'homme fort de Baghdad en l'approvisionnant même d'armes non conventionnelles dont les produits chimiques qui ont servi au gazage des populations kurdes de Halabja. Les USA ont tout fait pour bâcler le procès, en livrant le dossier Saddam à une justice irakienne inexistante et des juges de pacotille sommés d'exécuter les ordres. Cette mascarade n'a fait que propulser Saddam Hussein au rang de victime, de martyr de cet Irak déchiré et de héros du nationalisme arabe. Saddam n'aurait pas demandé plus. Les enjeux dans ce procès dépassent les crimes pour lesquels le président légitime d'Irak a été jugé. Ces enjeux sont ailleurs et dépassent même la personne de Saddam. Il faut seulement se demander à qui profite ce crime. Les tractations américano-iraniennes ne sont pas étrangères à l'issue du feuilleton du président irakien. Lorsqu'on sait la mainmise de Téhéran sur les affaires actuelles de l'Irak et de ses intentions de voir ce pays divisé et dominé par la mouvance chiite qui lui fait allégeance, on ne s'étonne pas des accointances qui pourraient s'avérer déterminantes pour l'avenir de la région. La normalisation de la région du Moyen-Orient, à défaut de l'instauration de la vision unilatérale américaine, passe par plus de prérogatives à donner au régime iranien. Un pacte qui commence par l'effacement de la scène du symbole de l'unité de l'Irak et de la résistance arabe, en l'occurrence Saddam Hussein. Car si l'on regarde de plus près, la résistance islamique armée anti-américaine ne porte aucunement l'empreinte du régime de Téhéran. Le courant salafiste lui est étranger. En livrant son prisonnier et butin de guerre en offrande à un régime chiite et une bande d'extrémistes religieux devenus maîtres de Baghdad, Bush n'ignore pas qu'il a fait un geste politique positif à l'adresse du régime iranien et un pied de nez aux peuples arabes et musulmans qui découvrent les dangers que véhiculent le courant chiite et ses adeptes adorateurs du martyr et de l'autoflagellation qui voient dans l'exécution de Saddam Hussein, une vengeance sur le sort réservé à leur saint vénéré Al Hussein. L'Irak n'est pas au bout de ses peines et les USA, encore moins, au terme de leur aventurisme politique sanglant. La Maison-Blanche a commis deux erreurs politiques majeures en Irak: son invasion sous le faux prétexte de la détention d'armes de destruction massive et l'exécution de son président par des sous-traitants. Désormais, les nationalistes et les résistants arabes ont leur Ché Guevara.