Samedi, 06h05 du matin, le président irakien déchu, pendait sans vie au bout d'une corde, en exécution du verdict de la Haute cour pénale irakienne, rendu le 5 novembre dernier, et confirmé par la cour d'appel le 23 décembre, le condamnant à la peine capitale. Bien que les images n'aient été montrées que bien plus tard dans la journée, les chaînes de télévision et autres agences mondiales d'information ont rapporté la nouvelle de la pendaison de Saddam Hussein. Un seul procès a suffi aux nouvelles autorités irakiennes et aux Américains pour se débarrasser de lui, sans prendre le temps de le juger pour les autres crimes qui lui sont imputés. Stoïque, Saddam n'a pas donné l'impression de trembler face à la potence, sur les images sélectionnées et diffusées par les chaînes de télévision. Bien au contraire, il a refusé la cagoule d'usage dans ce genre de cérémonie pour affronter la mort. Appuyé sur ses deux bourreaux, il a avancé vers la corde avant de prononcer la profession de foi des musulmans (chahada). C'est au moment où il récitait la deuxième partie de la chahada que la trappe de la potence s'est brutalement ouverte l'emportant vers le bas. Selon les témoins, il est pratiquement mort sur le coup. Pourtant, rien ne laissait présager une éventuelle précipitation dans l'exécution de la peine capitale prononcée à l'encontre de Saddam Hussein, d'autant plus que la cour d'appel accordait un délai de trente jours pour ce faire dans son arrêt confirmant le verdict rendu par la haute cour pénale irakienne. En effet, un haut fonctionnaire du ministère irakien de la Justice a écarté, mercredi dernier, une application rapide de la sentence de mort, en raison des congés de l'Aïd el-Adha et de fin d'année, qui ne permettaient pas la préparation de tous les documents nécessaires pour organiser la pendaison. Cependant, des informations contradictoires émanant de membres du gouvernement de Nouri al-Maliki et de magistrats ont, cependant, donné, vendredi dernier, du crédit à une éventuelle rapide pendaison de l'ancien chef de l'Etat irakien. Alors que les autorités irakiennes affirmaient que Saddam Hussein se trouvait sous leur contrôle, les forces américaines démentaient, en assurant qu'il était toujours dans sa cellule à Fort Cropper, dans la zone verte de Bagdad. Le mystère entretenu volontairement par les deux parties a commencé à se dissiper lorsque le collectif de défense de l'ex-maître de l'Irak a indiqué que la visite qu'il devait rendre samedi à leur client a été annulée par le commandement des forces US. Partant de là, al-Nouaïmi, un des avocats de Saddam, a déclaré qu'il était en possession d'informations laissant penser que le président irakien déchu allait être exécuté avant l'aube du premier jour de l'Aïd el-Adha. Quelques instants auparavant, le Premier ministre irakien affirmait que personne ne pouvait sauver Saddam Hussein de la pendaison, car la loi ne prévoyait aucun recours en grâce ni auprès du président de la République ni auprès d'une quelconque autorité judiciaire. À partir de là, les évènements se sont précipités pour ne laisser planer aucun doute sur l'exécution de l'ancien dictateur dans les premières heures du samedi 30 décembre. De concert, les autorités irakiennes et les forces d'occupation américaine ont mis les bouchées doubles pour en finir une bonne fois pour toutes avec celui qui a osé défier la Maison-Blanche. En début de soirée, un juge de la haute cour pénale irakienne déclarait que tous les documents permettant l'application du verdict avaient été établis et que plus rien ne pouvait retarder l'opération. Le reste n'a été qu'une question de rapidité pour faire taire à jamais Saddam Hussein, qui emportera outre-tombe tous les secrets gênants pour l'administration Bush, comme l'a affirmé un des défenseurs français. K. A. Lire tout le dossier en cliquant ici