Maintenant que le mal a été fait, avec l'exécution de l'ancien président irakien, les condamnations occidentales se multiplient et déplorent l'esprit vindicatif des chiites irakiens ayant marqué la cérémonie macabre. Qui cherche-t-on à dédouaner à travers les nombreuses réactions occidentales condamnant la pendaison de Saddam Hussein ? Tout ce qui a été dit sur l'ignoble manière avec laquelle l'ex-maître de Bagdad a été exécuté ne limite pas la responsabilité de cette opération aux seuls chiites irakiens. Il se dégage l'impression que les condamnations, les dernières en date émanant de Tony Blair et Human Rights Watch, ont pour but de culpabiliser uniquement Nouri al-Maliki et sa communauté chiite, alors qu'ils ont agi dans l'ombre de l'occupant américain. En dépit de tout ce qu'il est possible de leur reprocher, particulièrement l'esprit de vengeance qu'ils ont affiché lors de la pendaison de Saddam Hussein, il n'en demeure pas moins que la responsabilité des Etats-Unis est indéniable. Dans le but de masquer ce fait, les Occidentaux persistent à réagir plus de dix jours après la mise à mort du président irakien déchu. Tony Blair, qui avait jusqu'à présent refusé de s'exprimer personnellement sur l'exécution par pendaison, a fini par sortir de son silence. Le Premier-Ministre britannique, Tony Blair, a qualifié la manière avec laquelle Saddam Hussein a été exécuté de "totalement inadéquate", selon Downing Street. "Il croit que la manière était totalement inadéquate, mais cela ne devrait pas nous conduire à oublier les crimes commis par Saddam, dont la mort de centaines de milliers d'Irakiens", a affirmé la même source. Juste avant lui, son potentiel successeur, Gordon Brown, a condamné la façon dont a été exécuté Saddam Hussein, la qualifiant de "déplorable et totalement inacceptable". Evoquant les injures qui ont précédé l'exécution de l'ancien président irakien et les images de sa pendaison, filmées avec un téléphone portable puis diffusées sur internet, M. Brown a jugé que "cela n'avait rien fait pour réduire les tensions entre communautés chiite et sunnite". "Même les gens qui, contrairement à moi, sont favorables à la peine capitale trouvent cela totalement inacceptable, et je suis heureux qu'une enquête ait été ouverte, et j'espère que des leçons seront tirées dans ce domaine, comme nous avons appris d'autres leçons sur l'Irak", a-t-il également indiqué. Réagissant après coup, la puissante organisation non gouvernementale de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch, a demandé, hier au gouvernement irakien, de stopper "immédiatement" toute exécution capitale et dénoncé l'attitude du Premier ministre, Nouri al-Maliki, face aux critiques internationales sur la pendaison de l'ex-président Saddam Hussein. “La précipitation et l'esprit de vengeance ayant marqué la pendaison de Saddam Hussein devraient pousser le gouvernement à stopper immédiatement toutes les exécutions prévues", lit-on dans le communiqué rendu public par HRW. Toutes ces réactions semblent avoir pour objectif de rejeter la responsabilité sur quelqu'un d'autre que celui qui doit l'assumer pour avoir transformé l'Irak en ce qu'il est en l'occupant par la force. Condamner la pendaison de Saddam Hussein ne redorera certainement pas l'image de marque de l'Irak, qui a pris un sacré coup. K. ABDELKAMEL