L'ancien chef de la wilaya III a été à l'origine des premiers attentats de la nuit du 1er Novembre 1954. Saïd Yazouren, alias Vrirouche, est connu pour avoir détourné l'opération «Oiseau bleu», au profit de l'ALN. Le capitaine Léger dira plus tard que «La bleuite» n'a été que la revanche de l'opération «Oiseau bleu». La DST pensait récupérer les «oubliés de la révolution» en prenant attache avec des militants de la cause nationaliste, par le biais d'un restaurateur, pour en faire des supplétifs. Mis au courant, Vrirouche saute sur l'opportunité pour détourner l'opération. Près de 1100 armes seront récupérées par l'ALN et des harkis exécutés grâce à «Oiseau bleu». Quand les Français découvrent la destination des armes qu'ils distribuaient, les faux «supplétifs» rejoignent les maquis. Saïd Yazouren, né le 18 mars 1912 à Souk El Had, est commerçant de son état. Au volant d'une Citroën, il vend du charbon. Ses déplacements fréquents lui permettent de passer à travers les filets et à sensibiliser les militants nationalistes en Kabylie. Déjà, à cette époque, il avait bâti un abri pour les militants recherchés comme Krim Belkacem, Ouamrane, Ali Mellah et beaucoup d'autres. Dans la nuit du 1er Novembre 1954, il attaque avec son groupe la gendarmerie, l'administration et incendie un grand dépôt de liège à Azazga. En octobre, Mohamed-Chérif Kherroubi le rencontre à Tizi Ouzou, avec son camion. «Il distribuait des armes», dit-il, mais il ne l'a su que plus tard. L'ancien ministre de l'Education nationale estime qu'il est l'un des fondateurs de la wilaya III historique. Il était, un peu, le bras droit de Krim. «Il a vendu ses biens et pris son fils avec lui au maquis», révèle-t-il. Il devient ensuite chef de zone. Il a assisté, également, à la réunion des colonels, de Tizi Ouzou. En 1957, il part pour Tunis, après le retour de Amirouche et deviendra, après la mort de ce dernier, chef de wilaya. Le Cnra le gratifie du grade de colonel. A l´indépendance, il figure avec Mohand Oulhadj, le dernier chef de la wilaya III historique, parmi le noyau dur de celle-ci. Il assiste à la réunion du Cnra de Tripoli, deviendra député, contrôleur du FLN, puis membre du Comité central du FLN. Il meurt, suite à une longue maladie, le 5 janvier 1988. L'histoire retiendra que Yazouren, Ali Mellah et leurs compagnons de la première heure ont réussi l'exploit de détourner l'opération «Oiseau bleu» -dont les historiens parlent si peu- au profit de l'ALN. Elle est évoquée pour la première fois, peut-être, sous sa vraie dimension.