Tayeb Louh vient confirmer, indirectement, l'image d'une tripartite bâclée. Trois mois après la tenue de la 12e tripartite gouvernement-Ugta-patronat, le comité chargé du suivi de l'application du Pacte national économique et social n'est pas encore installé. Cette information émane de M.Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Ce dernier n'a, néanmoins, pas soufflé mot sur les motifs d'un tel retard. La tripartite de septembre dernier a donné l'impression d'une besogne bâclée, tentant d'asphyxier dans l'oeuf une grisaille sociale qui pointait à l'horizon. Tayeb Louh, par sa déclaration, faite, hier, en marge d'une entrevue avec l'Association des femmes chefs d'entreprise (Seve), vient confirmer ainsi la vraisemblance de ladite appréciation. C'est-à-dire que la dernière tripartite ne s'avère être, en fin de compte, qu'un tir à blanc. Après quoi, «le comité de suivi et de mise en oeuvre sera prochainement installé», laissa entendre tout bonnement le ministre du Travail. Si sur le terrain économique, les patrons bénéficient déjà de la bénédiction du pacte, il n'en demeure pas moins que son chapitre social est en pleine impasse. L'Ugta, seul partenaire social convié aux conciliabules, se contentait, jusqu'ici, de danser à la valse des éloges faits, tantôt par le Bureau international du travail (BIT), tantôt par un incompréhensible Fonds monétaire international (FMI). Ce syndicat n'a pas encore répondu aux interrogations que se pose le salarié. Ce dernier n'est armé que d'un modeste espoir; voir son compte gonflé, à la fin du mois, par les revalorisations promises. Les patrons, quant à eux, jouissent d'une soi-disant «optimisation fiscale» qu'offre la loi de finances 2007, en attendant l'implication, à bottes enfoncées, des pouvoirs publics dans le boom économique. Pour revenir à la toute dernière sortie de Tayeb Louh, le comité de suivi de la tripartite «regroupera 6 membres» des trois partenaires, à en croire le ministre du Travail. Il s'agit de deux représentants du gouvernement, deux délégués des organisations patronales et deux autres mandataires de l'Ugta. Le même comité «sera chargé de l'évaluation et du suivi périodique de la mise en oeuvre et l'application des engagements pris par chacune des parties signataires de ce pacte». Cela sous-entend qu'aucun des accords n'est encore concrétisé, plutôt restés en demi-teintes, bien que les promesses ne cessent d'être faites çà et là. Pour l'Ugta, l'important était de prendre soin de ne pas froisser sa base, laissée à sa faim en pleine rentrée sociale des plus cauchemardesques. Aujourd'hui, l'on passe d'une promesse à un ajournement sans pour autant pouvoir crever l'abcès. Sidi-Saïd a fait, rappelons-le, une déclaration finale, lors de la tripartite, qui a ouvert la voie à toutes les hypothèses. «Le plus dur consiste à appliquer les recommandations de cette tripartite». Et voilà que, trois mois après, la page demeure encore vierge. Tayeb Louh a fait savoir, hier, que le comité tripartite «sera également chargé de relever toutes les contraintes et difficultés rencontrées lors de l'application de ce pacte». Dans la foulée, il annonce encore q'une réunion tripartite de concertation se tiendra, incessamment, au ministère du Travail et de la Sécurité sociale. L'objectif étant de faire la sélection de l'équipe qui sera mandatée à suivre l'application du Pacte national économique et social. L'Etat qui n'avance pas, recule.