Des tractations ont été engagées par les deux ministères. L'heure n'est plus à la sagesse. Après les enseignants des lycées techniques, les professeurs d'université protesteront mardi, soit le 16 du mois en cours, à travers les facultés du pays. C'est ce qui a été décidé, à l'issue de la réunion de la Coordination nationale des sections du conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), les 11 et 12 janvier à Alger. Il fallait s'y attendre. Plusieurs enseignants ont été destinataires de convocations pour comparaître devant la justice. D'autres font toujours l'objet de poursuites judiciaires à la suite d'une série de plaintes introduites par le ministère de l'Enseignement supérieur et les recteurs d'université à l'instar de celui de Béjaïa. Le comble, le ministère s'est engagé publiquement «à oeuvrer pour le retrait des plaintes et la cessation de toutes les poursuites judiciaires contre les enseignants». Depuis l'engagement du ministère à ce jour, la machine judiciaire ne s'est pas grippée. Un fait qui commence sérieusement à faire sentir ses effets. Le Cnes, dans un communiqué rendu public hier, a mis à l'index la tutelle et les recteurs des Universités, notamment, celui de Béjaïa. Deux professeurs de la section Cnes de l'université de Béjaïa vont comparaître le 16 janvier devant la chambre pénale du tribunal de Béjaïa. C'est la suite logique de la montée au créneau du recteur de la même université qui n'a pas hésité à porter plainte contre les deux enseignants. Un troisième syndicaliste a été convoqué pour comparaître aujourd'hui devant la même juridiction. Le procédé du recteur de l'université de Béjaïa, aux allures d'une véritable campagne contre les syndicalistes, avait dans son filet 7 enseignants, dont 5 délégués du Cnes. Ceux-ci, d'après le même communiqué, ont dû payer les frais de la grève ouverte du 13 mai 2006, après l'introduction d'une plainte par ledit recteur. Trois autres professeurs de la même université font toujours l'objet de poursuites judiciaires ainsi qu'une enseignante de l'université des frères Mentouri de Constantine. Le Cnes «s'étonne que la procédure, entamée contre des enseignants qui ont exercé en toute légalité un droit constitutionnel au sein de leur université, ne soit pas encore arrêtée». Pourtant, la justice avait pris des décisions en faveur des coordinateurs nationaux Mechab Mustapha et Farid Cherbal, chargés de l'Ouest et du Centre. Le Conseil d'Etat, de son côté, s'est également prononcé en faveur des sections Cnes de l'Usthb, de Blida et de Constantine. Un véritable désaveu contre le ministère. Cela dit, aucun motif n'est à même de justifier encore la validité de la procédure engagée contre les enseignants, les délégués du Cnes et ses sections. Les professeurs «attendaient les mêmes mesures en faveur des sept enseignants de Béjaïa et de celle de Constantine». Le Cnes, en rébellion le 16 janvier, voulait que le ministère et les recteurs ne fassent plus de pression sur les enseignants. Une action de plus pour l'extinction des poursuites judiciaires contre les huit (8) enseignants universitaires, ainsi que pour la défense des libertés syndicales. Le cas des enseignants des lycées techniques est une autre paire de manches. Les syndicats de l'éducation, en l'occurrence le CLA, le Cnapest, l'Unpef et le Satef, réunis dans une nouvelle coalition dite «Coordi-nation nationale des lycées techniques et technicums», ne jurent que par la grève, apprend-on hier. Le drapeau rouge sera brandi, de nouveau, le 16 du mois en cours à travers les lycées du pays. Le bouillonnement est issu, cette fois-ci, de la nouvelle politique qui sera testée sur l'école technique. Celle-ci devrait, selon la nouvelle philosophie du ministère, grandir dans le giron de la formation professionnelle. Une politique aux contours flous qui fait déjà l'objet d'une grosse polémique. Des tractations, jusqu'ici infructueuses, ont été engagées par les deux ministères, l'Education nationale et l'Ensei-gnement supérieur. Ce dernier devait rencontrer, hier soir, les enseignants du supérieur et les syndicats des étudiants. Il faudrait s'attendre à un éventuel remake d'un scénario très connu, un feuilleton sans fin, appelé guéguerre ministères-syndicats autonomes. En toile de fond, les vrais problèmes de l'école et de l'université algériennes demeurent encore en souffrance.