Pas moins de dix experts internationaux du Bassin méditerranéen occidental prennent part au colloque sur les explosifs qui se tient depuis hier et ce, jusqu'à aujourd'hui à l'Institut national de la police criminelle. Ce premier colloque intervient suite aux recommandations des ministres de l'Intérieur dans le cadre de la conférence internationale de la Méditerranée occidentale qui se sont tenues à Alger, Lisbonne et Madrid. A l'ordre du jour de ce colloque figurent différents thèmes portant essentiellement sur les explosifs, les caractéristiques techniques des engins explosifs artisanaux utilisés par les terroristes de 1992 à 2001 ainsi que sur les moyens de lutte commune et enfin sur la stratégie à mettre en place dans le contexte de la coopération. Dans son allocution d'ouverture, le chef divisionnaire de la police judiciaire, M.Issouli, devait mettre l'accent sur «la nécessité de renforcer la coopération sécuritaire devant amener à la maîtrise des techniques de lutte antiterroriste et celles de l'approche des engins explosifs». Allant dans ce sens, il devait déclarer à l'assistance que «la nécessité de mettre en place une stratégie à moindre risque ne serait efficace qu'à la suite de la mobilisation de toutes les polices dans un contexte de concertation constante». Evoquant les méthodes meurtrières utilisées par les terroristes, il devait souligner que «celles-ci sont plus sophistiquées» et, faisant allusion à l'attentat du 11 septembre, qu'«elles ont démontré qu'aucun pays n'est à l'abri de ce fléau». Il est à noter que l'expérience des services de sécurité algériens en matière de lutte antiterroriste constitue «une référence pour la majorité des experts étrangers». Le renseignement, étant une arme redoutable, «a permis d'avoir des résultats satisfaisants et grâce à lui bon nombre d'ateliers de fabrication de bombes artisanales ont été démantelés», devait déclarer le directeur de l'institut, M.Chebili, qui précise que «seuls quelques rares ateliers au centre du pays demeurent actifs, mais leur isolement par les forces combinées les a forcés au repli en des espaces de plus en plus restreints». La stratégie de lutte contre les groupes armés consiste en l'utilisation de la législation qui diminue la marge de manoeuvre d'utilisation des explosifs, la prévention et la sensibilisation des citoyens et la formation des équipes spéciales dans la détection et les procédés de fabrication et de piégeage. Parmi les matières utilisées pour la fabrication des bombes artisanales figurent notamment la poudre noire, les nitrates d'ammonium, le phosphate, le TNT ainsi que des gaz obtenus des engrais. Dans certains cas, des obus de la guerre de Libération déterrés peuvent être récupérés et utilisés pour la fabrication de bombes. La contribution des services de police lors de ratissages aux côtés des forces de l'ANP a permis le démantèlement d'un grand nombre d'ateliers et le désamorçage des pièges posés par les terroristes. En marge du colloque, s'est tenue une exposition du matériel utilisé lors des opérations de désamorçage de bombes, de divers outils utilisés par les terroristes pour la fabrication de bombes ainsi qu'un grand nombre de bombes désamorcées en divers endroits de la capitale et de sa périphérie. Ce colloque, dont la majorité des débats s'est déroulée à huis clos, devra être sanctionné par un communiqué final. On croit savoir que ce colloque sur les explosifs sera suivi de rencontres similaires dont les thèmes porteront sur le blanchiment d'argent, le trafic de drogue, le crime organisé et tous les aspects entrant dans le cadre de la criminalité.