L'arrestation vendredi d'un individu qui portait sur lui une bombe artisanale à l'intérieur d'un minibus à Boumati dans la ville d'El-Harrach (12 km à l'est d'Alger) relance avec acuité l'inquiétude face aux attentats à l'explosif dans la capitale et sa banlieue. Le prolongement de l'action des poseurs de bombes corroborent les révélations du général-major Fodhil-Chérif, le commandant de la 1re Région militaire qui, à l'occasion de l'élimination de Antar Zouabri, avait annoncé l'existence de trois individus à Alger qui continuaient à représenter une menace permanente. Les militaires avaient exprimé leur satisfaction après la neutralisation de l'un des proches de Zouabri, artificier d'Alger de son état, lors de la même opération de Boufarik le 7 février dernier. Mais il semble que l'atelier de bombes d'Alger n'est pas encore démantelé. Le mode opératoire des tueurs qui écument, encore, les rues d'Alger a été analysé par les spécialistes artificiers de la Sûreté nationale. A la faveur de la visite de presse effectuée avant-hier à l'Institut national de la police criminelle de Saoula (banlieue sud d'Alger), le sous-directeur de la police scientifique a indiqué à notre collègue d'El Moudjahid que les bombes de Tafourah ( 20 novembre 2001), d'El-Biar ( découverte et désamorcée le 16 janvier 2002), de Rouiba (le même jour), de Bir Mourad Raïs (25 janvier), etc., sont l'oeuvre «d'un seul artificier». Les enquêtes de la police scientifique ont démontré, en recoupant les données de ces opérations, que les engins explosifs ont été fabriqués par la même personne. «Le procédé est le même, c'est le détail qui détermine le profil de l'artificier», a ajouté l'officier. Il serait intéressant notamment de savoir si la «signature» de ces attentats est la même que celles perpétrés les mois derniers en Kabylie. Les extensions de l'action des criminels de cette région vers la capitale ont toujours fasciné les chefs locaux des groupes armés. La même source a évoqué le caractère rudimentaire de la fabrication de ces bombes en indiquant que cela démontre la diminution de la capacité de nuisance de ce groupe. Le contrôle rigoureux des matériaux entrant dans les procédés pyrotechniques pousse, en effet, les commandos à se rabattre sur des «ingrédients» plus terre à terre tels que les mélanges explosifs à base de chlorate puisé dans les détergents, de poudre noire extraite des balles de fusil ou de pistolet pour intensifier la charge et de sucre. Fort de l'expérience du terrain depuis près d'une décennie, les artificiers de la police nationale opèrent avec de plus en plus de professionnalisme et emploient les techniques les plus avancées dans le domaine de la traque et de l'enquête. C'est dans ce cadre notamment que s'ouvrira aujourd'hui à Alger un colloque international des experts des pays du bassin méditerranéen occidental sur les explosifs.