Le chef de l'Etat fait un parallèle avec la question du Timor Leste. Au cours du toast offert en l'honneur de son hôte portugais, le chef de l'Etat a réitéré ce qui est pour tous une évidence, à savoir que la construction de l'ensemble maghrébin est à dissocier du problème du Sahara occidental. Ce n'est pas seulement une question de principe, puisqu'elle relève aussi du bon sens. Rien n'empêche, en effet, les cinq pays du Maghreb d'envisager l'édification d'un ensemble économique viable en laissant les instances onusiennes se charger d'un dossier de décolonisation, en vertu du principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, tel qu'il est consacré dans la Charte de l'ONU. Aussi bien en 1988, à la réunion de Zéralda, qu'en février 1989, à Marrakech, qui a vu la naissance de l'Union du Maghreb arabe après l'adoption de ses statuts par les cinq chefs d'Etat maghrébins, le problème du Sahara occidental n'avait été un handicap majeur dans la construction maghrébine. Les institutions communautaires ont commencé progressivement à être mises sur pied: un Parlement consultatif, une présidence tournante, un secrétariat permanent, et les instruments économiques devaient suivre: une banque maghrébine, une monnaie commune, peut-être aussi une carte d‘identité commune, jusqu'au jour où tout ce bel édifice s'est effondré comme un château de cartes après les attentats de Marrakech en 1994. Si hâtivement mis sur le dos de l'Algérie par le Royaume chérifien, avant même d‘avoir entamé la moindre enquête, et bien sûr avant de se raviser, parce qu'en la matière on ne cache pas le soleil avec un tamis. Les dommages collatéraux de cette conclusion hâtive sont connues: des milliers de ressortissants algériens furent chassés manu militari du Maroc, la procédure du visa fut instituée, provoquant en retour la fermeture des frontières par la partie algérienne. Et c'est alors que le problème du Sahara occidental fut érigé en barrière infranchissable dans la construction de l'Union maghrébine. Ce fut une sorte de bouc émissaire diplomatique tout désigné. Pour en revenir au contexte dans lequel a été rappelée la position algérienne de principe, à savoir à l'occasion du toast offert en l'honneur de M.José Socrate, on remarquera le parallèle qu'établit le chef de l'Etat avec le Timor Leste, en rappelant que le Portugal s'était distingué par une «mobilisation remarquable» en faveur du droit à l'autodétermination et à l'indépendance du peuple du Timor Leste ajoutant qu'il est particulièrement bien préparé pour percevoir l'importance d'un règlement juste et définitif de la question similaire du Sahara occidental. La position de l'Algérie se défend d'autant mieux qu'elle est conforme au droit international. Et c'est à juste titre que M.Bouteflika recentre le débat sur la question sahraouie en rappelant que c'est une question de décolonisation à parachever nécessairement au moyen du libre exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination, conformément au plan Baker ainsi qu'aux résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies. Pour sa part, depuis de nombreuses années, le Royaume essaie de torpiller ce plan Baker, du nom de l'ancien secrétaire d'Etat américain, en proposant un plan de règlement basé sur une prétendue autonomie accordée au peuple sahraoui sous souveraineté marocaine. Ce qui, bien entendu, remet en cause et le référendum d'autodétermination et tous les efforts consentis par les instances internationales depuis 1975, soit depuis le retrait de l'ancienne puissance occupante, l'Espagne de Franco. Quant aux relations intermaghrébines, on sait que l'Algérie a toujours rejeté toute médiation étrangère entre notre pays et le Royaume chérifien, considérant qu'il n'est pas utile d'avoir des intermédiaires pour dialoguer entre pays frères. C'est la raison pour laquelle M.Bouteflika rappelle également «l'attachement indéfectible de l'Algérie à l'idéal maghrébin en tant que choix stratégique incontournable».