Dans le toast offert en l'honneur de son hôte français, le président Bouteflika s'est arrêté sur les questions palestinienne et sahraouie. Il est évident que le président Bouteflika a mis là le doigt sur le point faible du projet d'Union méditerranéenne que défend le président français, Nicolas Sarkozy. En effet, peut-on envisager une telle construction qui englobe l'ensemble des pays du Bassin méditerranéen sans qu'il y ait eu, au préalable, la mise à jour des dossiers du Sahara occidental et des territoires palestiniens occupés sans la solution desquels toute Union régionale englobant les pays du grand lac bleu, demeurera inconcevable, sinon un voeu pieux? Abordant ce chapitre, M.Bouteflika a déclaré à son homologue français: «Je sais que vous êtes porteur du projet d'Union méditerranéenne qui vous tient particulièrement à coeur et que vous défendez avec autant d'énergie que d'optimisme. Nous en avons déjà discuté et je ne vous cache pas que je ne suis pas resté insensible à votre enthousiasme», a souligné le chef de l'Etat, qui ajoute «...en Algérie, nous sommes disposés à contribuer à sa réalisation dans la mesure où nous aurons précisé ses contours et ses objectifs ainsi que la place qu'il prendra aux côtés des organismes qui sont déjà en place et qui rassemblent les pays des deux rives de la Méditerranée. Il est clair, poursuit le président Bouteflika, que le Nord et le Sud partagent les mêmes aspirations vers la sécurité, la stabilité et la prospérité. Ces aspirations peuvent être satisfaites dans un climat de solidarité fondé sur notre unité dans notre diversité». Cette mise au point faite, M.Bouteflika met en exergue les faiblesses d'un projet qui ne semble pas prendre en compte cet aspect de la problématique méditerranéenne que sont les dossiers palestinien et sahraoui. A cet effet, le président algérien argumenta sur le fait que l'on ne peut faire l'impasse sur ces «crises» qui pourront mettre en stand-by, un projet aussi ambitieux que celui de l'Union méditerranéenne, indiquant à ce propos: «Mais on ne peut ignorer les obstacles qu'il faudra franchir et les crises qu'il sera nécessaire de dépasser. La plus importante de ces crises est évidemment celle du Moyen-Orient où il devient plus urgent que jamais de mettre fin à l'occupation israélienne des territoires arabes et de permettre au peuple palestinien de disposer, en toute souveraineté, d'un Etat viable et aux frontières reconnues. La tragédie du peuple palestinien dure depuis plus d'un demi-siècle et il serait vain d'imaginer une Méditerranée apaisée et fraternelle sans qu'il y soit mis fin de manière définitive», et M.Bouteflika de poursuivre: «Je crois savoir à ce sujet que la France a toujours préconisé le respect du droit international et du droit de tous les peuples à l'autodétermination. Cela a été le cas à plusieurs occasions et en particulier en ce qui nous concerne directement puisque, après presque huit années d'une guerre de Libération coûteuse en vies humaines, le peuple algérien a accédé à l'Indépendance en exerçant son droit à l'autodétermination. Cela explique sans doute notre entière solidarité avec tous les peuples sous domination étrangère et qui luttent pour leur droit à l'autodétermination. C'est en particulier le cas du peuple du Sahara occidental dont le droit à l'autodétermination est reconnu sur le plan international et devrait pouvoir être exercé librement et sans restrictions.» Dans son toast au président Sarkozy, le chef de l'Etat a, en fait, réitéré des positions de principe qui sont autant celles de l'Algérie que consignées dans la Charte des Nations unies appuyées par des résolutions onusiennes accordant aux pays non indépendants -sous le joug colonial ou sous occupation étrangère- le droit à l'autodétermination. Or, M.Sarkozy semble avoir fait l'impasse sur ces deux dossiers essentiels dans la construction, demain, d'une Méditerranée unie et fraternelle. Ce que le président Bouteflika a opportunément rappelé.