75% des mineurs ne sont pas pris en charge par les secteurs concernés. La délinquance juvénile est l'un des fléaux qui ont pris de l'ampleur au point d'être considéré par les spécialistes, comme le phénomène le plus dangereux. Les chiffres avancés, hier, au groupement de la Gendarmerie nationale relevant de la wilaya de Chéraga, en témoignent. Les participants au séminaire, ayant pour but le traitement de la délinquance et la victimisation, ont inondé les présents par des chiffres et statistiques, dès fois contradictoires, qui montrent le bien fondé de l'urgence que doivent mener tous les secteurs concernés pour juguler ou, au moins, ralentir les méfaits dudit fléau. La Gendarmerie nationale a estimé que 3162 enfants ont été incriminés durant l'année 2005-2006. Un chiffre, a-t-on précisé, qui était de l'ordre de 2967 cas durant le 1er semestre de l'année 2006. De son côté, Mme Messaoudéne, commissaire et responsable des brigades des mineurs à la Dgsn, a déclaré qu'en 2005, 3584 enfants étaient en danger moral, voir psychologique. Durant le 1er semestre de l'année 2006, ce sont 1752 ayant souffert de ce problème. S'agissant de la délinquance juvénile, la même responsable nous a fait savoir que durant les mêmes périodes, 11.302 jeunes ont été incriminés dont 3932 sont placés en liberté provisoire, 376 dans différents centres spécialisés. Les infractions les plus répandues concernent dans la plupart des cas les vols, 42%, l'atteinte aux moeurs(4%) et enfin la consommation de la drogue et autres psychotropes (2%). Hormis ces chiffres effarants, Mme Messaoudéne nous a avoué que des brigades pilotes, spécialement requises pour suivre les jeunes, sont installées sur le territoire national. En sus, un travail en collaboration avec Interpol a été déjà entamé et 60 policiers ont été formés pour s'occuper des mineurs en mauvaise état psychologique. Par ailleurs, l'intervention de l'éminent professeur et chef de service en pédiatrie de l'hôpital d'El Harrach a été, apparemment, la plus en vue. Ce dernier a estimé que 440.000 enfants sont victimes de la déperdition scolaire et 120.000 relèvent du cycle du secondaire. Ces chiffres sont, selon lui, confirmés par un haut responsable algérien lors d'une conférence à Genève et par le Cnes. «En 2003, les responsables de ce conseil ont déclaré que pour arriver au baccalauréat, il faut être d'une famille aisée et citadine.» Pis, M.Khiati a précisé que 7000 enfants étaient devant la justice, en 1990, tandis qu'aujourd'hui, ce même chiffre est porté à 14.000 enfants. «La croissance est patente» a ajouté l'interlocuteur. Il convient de préciser que les chiffres avancés démontrent l'absence d'une réelle prise en charge de cette frange de la société. «Il est impératif de revoir cette stratégie qui ne mènera pas au bon chemin» a poursuit le professeur. D'ailleurs, il a suggéré, plutôt insisté, sur la création d'un ministère de l'Enfance ou, au moins, une structure qui prend en charge ces enfants. Sinon, selon lui, on ne peut pas parler de prise en charge effective. De son côté, le professeur Laïdali, chef de service Médecine légale CHU de Bab El Oued, a précisé que 13% des délinquants sont d'un age ne dépassant pas les 13 ans et 80% sont âgés de 18 ans. Aussi, il a mentionné trois types de délinquants, les jeunes présentant des troubles mentaux, d'ailleurs 20 à 30% souffrent de débilité mentale, les délinquants sociopathes et, enfin, la délinquance par troubles affectifs. «Cette dernière est la plus fréquente et la plus dangereuse.» a précisé M.Laïdali. Chiffres à l'appui, ce professeur a ajouté, pour étayer les propos de M.Khiati, que 75% des victimes mineures ne bénéficient pas de prise en charge.