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Mesures gouvernementales 2009, CREDOC, suppression des crédits à la consommation : un impact mitigé sur la valeur des importations et la croissance globale de l'Algérie
Publié dans Le Financier le 25 - 01 - 2010


2ème partie
Dr Abderrahmane Mebtoul / Expert International – Economiste
4.- Un déficit du service de la dette inquiétant
Autre facteur inquiétant, car pour avoir une appréciation objective, il faut analyser non pas la balance commerciale, mais surtout la balance des paiements, tenant compte des mouvements de capitaux dont les transferts de dividendes et de services. Ainsi, l'on assiste à un déficit croissant de la balance des services, qui tend à se substituer à l'ancien service de l'endettement (service de la dette), dépendance plus grave, ce segment immatériel se prêtant plus facilement à la surfacturation, traduisant le paradoxe, exode de cerveaux algériens et appel croissant (solution de facilité de bon nombre de Ministères) à l'assistance étrangère . Ce poste a plus que doublé par rapport à 2006/2007, passant d'une moyenne de 5/6 milliards de dollars à plus de 11 milliards de dollars entre 2008/2009, les secteurs les plus concernés étant, selon le rapport de l'AGEX 2009, principalement les importations de services au titre des infrastructures publiques, c'est-à-dire dans le cadre de la réalisation du budget d'équipement de l'Etat, et par des entreprises du secteur des hydrocarbures représentent l'essentiel des services importés.
5- Le rapport
de la Banque mondiale 2010 et l'Algérie :
replacer les chiffres dans leur contexte
Selon le constat qui a été établi par la Banque mondiale dans son rapport 2010 sur les perspectives économiques mondiales (Global Economic Prospects- GEP 2010), le pire de la crise financière est passé, mais la reprise mondiale reste précaire. Ainsi, le redressement économique mondial va ralentir en 2010 lorsque l'effet des programmes de relance budgétaire commencera à se dissiper, alors que les marchés financiers sont encore déréglés et que le chômage élevé continue de freiner la demande privée Je cite le rapport : «on ne peut malheureusement pas s'attendre à une reprise miraculeuse après une crise aussi grave, car il faudra des années pour reconstruire les économies et redresser la situation de l'emploi. Les pauvres seront durement touchés…..Le PIB mondial, qui a reculé de 2,2 % en 2009, devrait augmenter de 2,7 % pour 2010 et de 3,2 % en 2011 soutenu par les pays émergents». Mais la Banque mondiale attire l'attention surtout pour la Chine sur le risque de bulles financières et immobilières, expliquant les restrictions récentes des crédits par le gouvernement chinois. Le rapport mentionne que malgré le retour à une croissance positive, il faudra des années pour éponger les pertes économiques déjà essuyées et que quelque 64 millions de personnes supplémentaires seront acculées à la misère (vivant avec moins de 1,25 dollar par jour) en 2010 à cause de la crise. En outre, au cours des 5 à 10 prochaines années, l'aversion accrue pour le risque, une réglementation plus prudente et la nécessité d'adopter des pratiques de prêt moins libérales que pendant la période d'expansion qui a précédé la crise se traduiront probablement par une raréfaction et un renchérissement des capitaux destinés aux pays en développement. Concernant l'Algérie, la croissance économique qui a augmenté de 2,1% en 2009, devrait être de 3,9% en 2010 et 4% pour 2011 sous réserve d'un cours de pétrole d'environ 77/80 dollars à prix constants.
Cependant, il faut replacer ces données de la Banque mondiale dans leurs véritables contextes. Que représente un produit intérieur brut de 140 milliards de dollars en moyenne à prix constants en 2009 (ayant été évalué à 9.374 milliards de dinars, soit 135 milliards de dollars en 2007 par le FMI et la Banque d'Algérie) dont 45% sont constitués par les hydrocarbures par rapport aux exportations annuelles allemandes de plus de 1.500 milliards de dollars, de la Corée du Sud de 1.024 milliards de dollars en 2008 (plus de 14 fois le PIB hors-hydrocarbures Algérie) ou de celui des USA qui a été clôturé à 14.585 milliards de dollars (plus de 210 fois le PIB hors-hydrocarbures Algérie), PIB reposant sur les entreprises créatrices de richesses. Car, les économistes calculent le taux de croissance comme la somme des valeurs ajoutées des différentes branches par rapport à l'année qui précède. Outre qu'il faille savoir qu'un accroissement par rapport à un taux de croissance faible de l'année précédente (ce qui est le cas de l'Algérie) donne toujours en valeur relative un taux de croissance faible, même si le taux est supérieur l'année qui suit. Par ailleurs, la technique connue des économistes - triangularisation du tableau d'échange interindustriel- permet de démontrer que les hydrocarbures irriguent presque l'ensemble de l'économie, et le segment hors-hydrocarbures l'est à plus de 80%. Sur le total hors-hydrocarbures de taux de croissance de 8/9%, selon le Premier ministre, de 10% selon le ministre des Finances, 11% selon le Conseil économique et social (qui dit mieux alors qu'en juin 2009 l'officiel invoquait 5/% et comment est-on, passé du double en 5 mois ?) Déclarations contradictoires à quelques semaines d'intervalle, restant aux seules véritables entreprises une participation réelle inférieure à 15% du total du produit intérieur brut (PIB) entre 2004/2008 et 20% pour 2009, tenant compte de l'accroissement de la valeur ajoutée agricole, toujours selon des facteurs exogènes (bonne pluviométrie et non d'une bonne gestion), donc un PIB relevant des entreprises créatrices de richesses inférieur à 30 milliards de dollars US pour 2009. Et avec l'épuisement de cette ressource éphémère, tenant compte de la consommation intérieure dans 16 ans pour le pétrole, 25/30 ans pour le gaz qu'en sera-t-il de l'Algérie ? Pour l'Algérie, cette performance est dérisoire comparée à la dépense publique dont les prévisions officielles 2004/2009 sont passées successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 (inclus le Sud et les Hauts-plateaux), puis à 140 milliards de dollars fin 2006, et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars. Comparés aux dépenses sur la population, des pays similaires en voie de développant dépensant le 1/3 de l'Algérie ont des taux de croissance plus importants. Bien plus, l'ensemble des organismes internationaux prennent de plus en plus compte de l'indice du développement humain IRH, beaucoup plus fiable que le produit intérieur brut trop global qui voile les disparités sectorielles et structurelles. Or, dans son rapport du 05 octobre 2009 le PNUD rétrograde l'Algérie de 10 places par rapport à 2008, reculant par rapport aux années passées, dans la rubrique moyen (selon les critères, niveau très élevé, élevé, moyen et faible) avec ce paradoxe un Etat riche, mais une population de plus en plus pauvre, car avec un PIB hors-hydrocarbures la position reculerait d'environ de 20 points la ramenant à la 124ème position, soit parmi les pays les plus pauvres de la planète. Aussi, invoquer des taux fantaisistes pour 2009 de 10% de taux de croissance sans expliquer les raisons objectives et de 10,2% de taux chômage (taux officiel incluant les sureffectifs des administrations / des entreprises publiques, les emplois temporaires de 3 à 5 mois au titre de la solidarité nationale et d'une manière générale tous les emplois fictifs improductifs) alors que la banque mondiale vient d'annoncer à la fois la non-proportionnalité entre les dépenses et les impacts réels et un taux de chômage pour l'Algérie de 25%, non- compris la sphère informelle, relève de l'utopie et discrédite encore plus l'image internationale de l'Algérie. Précisons que pour ce rapport ce sont des prévisions et attendons le rapport définitif qui subira le redressement par des tests cohérence. D'une manière générale, la situation étant ce qu'elle est, l'Algérie est une économie totalement rentière dans le sens négatif du terme, exportant uniquement des hydrocarbures à l'état brut ou semi-brut, et important presque tout n'ayant pas une politique claire de substitution d'importation rentrant dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux tenant compte du couple coût/qualité. Le retour à la gestion bureaucratique et administrative des années 1970 alors qu'il s'agit fondamentalement d'approfondir la réforme globale à travers la mise en place d'institutions efficaces ne font que favoriser les pratiques occultes, ce qui explique d'ailleurs le classement de l'Algérie pour l'indice des libertés économiques de deux grands organismes de référence internationale, le Wall Street Journal et l'Heritage Foundation pour 2009 publié le 21 janvier 2010 qui évalue les différences économiques sur la base de 52 variables indépendantes réparties en 10 catégories de facteurs économiques, à savoir la liberté des affaires, la liberté du commerce, la liberté fiscale, les dépenses de l'Etat, la liberté monétaire, la liberté d'investissement, la liberté financière, les droits de propriété, la liberté à l'égard de la corruption et la liberté du travail, où l'Algérie est classée la 105ème position sur 183 pays. Le rapport note surtout que l'Algérie souffre du problème de la corruption qui prend une ampleur inégalée depuis l'indépendance politique du pays, de la liberté financière (politique de change réglementée et la convertibilité du dinar n'est pas encore permise), ainsi que du problème de droits de propriétés (piratage et contrefaçon).
Cela renvoie à l'urgence des deux piliers du développement du XXIème siècle à savoir une meilleure gouvernance, atténuant ces différents scandales financiers qui touchent tous les secteurs qui provoquent une névrose collective auprès de toute la population algérienne et la valorisation du savoir. Et donc, d'une réorientation de toute la politique socio-économique


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