«Beaucoup d'élus ne prennent plus la peine d'aller rendre visite à leurs électeurs», s'insurge le patron du MSP. «Le taux d'abstention sera élevé cette fois-ci parce que le fossé s'est considérablement élargi entre les élus et le peuple», a indiqué, jeudi, Boudjerra Soltani, lors le l'ouverture des travaux de la rencontre nationale des structures du MSP, avant de pointer un doigt accusateur vers la salle en disant: «Permettez-moi de vous faire un reproche: beaucoup d'élus ne prennent plus la peine d'aller rendre visite à leurs électeurs; c'est vous dire combien le fossé s'est élargi entre les élus et le peuple». La raison de cette rupture ne se situe pas uniquement chez les élus mais réside dans la nature même des instances élues, poursuit-il. D'abord, l'APN, cette institution censée remplir un double rôle de législation et de contrôle ne le fait pas. «Hormis le texte d'amendement de la loi électorale, elle n'a fait aucune proposition de loi. Idem pour le contrôle. S'il avait été fait, les institutions auraient pris en charge les préoccupations des électeurs. Or, ce n'est pas le cas», ajoute Soltani. Les APC souffrent aussi de problèmes relationnels, en sus du manque de moyens. Il enchaîne sur les prochaines échéances électorales. «Nous avons trois défis à relever, lance-t-il, défis populaire, médiatique et interne; chacun doit avoir son label avec un ISO de conformité pour vendre son image de marque». Il fait une digression: «Avez-vous jamais vu Mercedes faire la pub? Les bonnes marques n'ont pas besoin de publicité». Il invite à la correction qui sous-tend une quête de crédibilité. Le défi de l'information nous guette, soutient-il en supposant que les médias locaux auront un rôle de contre-poids quand il passeront à la phase du professionnalisme. On ne sait s'il le fait par conviction ou par paresse. Il considère que la presse algérienne occupe, désormais, les devants de la scène même si elle l'encense parfois. «Mais qui vous dit que je n'aime pas l'encens?». Les défis externes sont réels: «Le prosélytisme chrétien ou chiite, américain ou afghan ne présente aucun danger parce que les Algériens sont immunisés». Enfin, les défis internes seront relevés par le parti et les militants. «Dans tous les cas de figure, en s'en sort toujours avec des résultats satisfaisants. On marque toujours des buts, parfois par penalty, mais ce sont des buts propres, quand d'autres marquent 20 buts comme s'il s'agissait d'un match de basket. Ce n'est pas sérieux», conclut-il, tout en mettant en exergue la «guerre psychologique» à laquelle s'adonnent ses adversaires politiques, sans omettre de faire un détour sur le dossier de la corruption qui figurera parmi les priorités de son parti. La rencontre de jeudi est la dernière qui précède les élections législatives. Elle se tient la veille du madjliss echoura qui se réunit en fin de semaine. On attend beaucoup de cette réunion qui pourrait remettre sur le tapis les déboires du président du MSP avec le dossier trop encombrant de la corruption qui menace son autorité. Soltani s'est montré très détendu par rapport aux dernières apparitions. Il semble que le vent de dissidence qui avait soufflé dans les couloirs du parti est passé. Le MSP planche à présent sur les élections législatives. Il doit définir une stratégie de campagne et aller ensuite croiser le fer avec ses adversaires sur un terrain nu. Comme il doit convaincre tous ceux qui ont fait deux mandats de député d'être moins égoïstes en cédant la place aux nouvelles compétences. Le MSP souffre autant que les autres partis politiques de déficit de démocratie.