Boudjerra Soltani devra répondre aux frondeurs et résister à la pression. Son sort sera scellé à l'occasion. Le Mouvement de la société pour la paix réunira, aujourd'hui, les membres de son conseil consultatif à la Mutuelle des travailleurs des matériaux de construction de Zéralda. Ce conclave, très attendu par les militants du parti, se penchera sur les dossiers en suspens au sein du parti islamiste et l'actualité politique nationale. Le sort du président, Boudjerra Soltani, sera à l'ordre du jour. Il n'est un secret pour personne que le président du mouvement est, depuis des semaines, dans une position inconfortable. Sa malencontreuse sortie publique sur le sujet brûlant qu'est la corruption suivie de l'annonce d'une liste controversée comprenant des personnalités de haut rang impliquées dans la corruption, et le désaveu essuyé de la part du président de la République, lors d'un discours retentissant devant les walis, a mis au devant de la scène une frange de cadres militants de ce parti islamiste qui ne lui ont jamais pardonné son entrée dans le gouvernement au poste de ministre d'Etat. Ce groupe de frondeurs, dont certains sont des membres fondateurs du parti et anciens compagnons de feu Mahfoud Nahnah, n'avait pas accepté le fait que le chef de ce parti se soumet aux directives d'un autre chef de parti concurrent même s'il s'agit du chef du gouvernement. Le même os est resté en travers de la gorge d'une bonne partie des membres du conseil consultatif, seul habilité à prendre des mesures qui engagent son avenir. Le vice-président du MSP, Abderahmane Saïdi avait déclaré, à ce sujet, le 6 janvier dernier, à L'Expression que «la présence de notre frère Soltani dans le gouvernement sera discutée en toute franchise et objectivité, loin des compassions et des sentiments personnels». Ce qui sous-entend, en filigrane, que le sort de Soltani sera scellé au cours de cette réunion. L'autre point non moins important qui sera à l'ordre du jour, portera sur la proposition de limitation des mandats des élus au Parlement faite par Soltani en prévision des prochaines élections législatives qui auront lieu au mois de mai prochain. Le 25 janvier dernier il avait lancé, lors de l'ouverture des travaux de la rencontre nationale des structures du MSP, un jugement amer à l'adresse des élus de son parti présents dans la salle: «Beaucoup d'élus ne prennent plus la peine d'aller rendre visite à leurs électeurs; c'est vous dire combien le fossé s'est élargi entre les élus et le peuple». Des propos qui préparent le terrain à des décisions radicales en matière de choix des candidats à présenter par le parti aux prochaines législatives. Une option de renouvellement des cadres du parti qui n'a pas trouvé d'écho positif parmi ses pairs qui ont soupçonné une tentative d'éliminer les figures de proue du MSP qui tiennent tête au président du parti et qui ne le suivent pas sur certaines décisions. D'ailleurs, ces derniers ne se font pas prier pour le faire savoir haut et fort. Une situation qui amenuise la marge de manoeuvre du président qui se voit toujours contraint de composer avec ses opposants et parfois même de lâcher du lest pour éviter l'éclatement du parti. Une pression qui, à la longue, a fini par porter un sérieux préjudice à la politique du MSP et à son rôle sur la carte politique nationale. Même son influence au sein de l'Alliance n'est plus aussi remarquée qu'elle ne l'était au début. Les dernières élections pour le renouvellement du Sénat ont confirmé cette tendance à la baisse du rayonnement du parti islamiste dans les joutes électorales. Mis à mal par les derniers développements survenus sur la scène politique et les faibles dividendes récoltés par la politique participative adoptée jusque-là par la direction du parti, Boudjerra Soltani devra répondre par des arguments convaincants afin de résister à la pression des débats qui auront lieu au sein du conseil consultatif qui se tient aujourd'hui. Un autre point important qui sera passé en revue à l'occasion de ce conclave concerne le renouvellement ou pas de la composante du gouvernement actuel, revendication portée par le chef du gouvernement, lui-même, et le FLN. Là encore, l'avis du conseil consultatif sera précieux puisqu'il donnera une projection sur le rôle du MSP dans la gestion des affaires courantes du pays. Enfin, il sera aussi question de trancher les propositions faites par les partenaires dans l'Alliance pour le jumelage ou pas des échéances électorales prévues pour l'année en cours.