La bataille électorale annoncée et ses enjeux ont occulté les conditions dans lesquelles vont se tenir les prochaines joutes. Les prochaines élections législatives et locales suscitent déjà des polémiques à répétition au sein de la classe politique. Le concept de «consensus» qui a prédominé depuis des années dans les actions politiques des partis de l'Alliance présidentielle, tend à se dissiper pour laisser place à une lutte féroce entre les artisans du programme politique et économique du président. Aucune réunion n'a eu lieu entre les chefs des partis de la coalition depuis longtemps. Même si les opportunités pour le faire n'ont pas manqué. La dernière en date est le renouvellement de la composante du Sénat. Cette longue «séparation», parfois empreinte de tensions, entre les partenaires de l'«alliance stratégique», risque de prendre des proportions cruelles pour quelques unes des parties en lice dans les futures courses électorales. Les élections législatives sont prévues pour le mois de mai et les communales pour le mois d'octobre 2007. Mais il y a comme une volonté et une insistance particulière du FLN et du chef de l'Exécutif, M.Abdelaziz Belkhadem, à faire jumeler les deux échéances. Raisonnement balayé du revers de la main par les concurrents directs, à savoir le RND et le MSP. L'ex-chef de gouvernement est catégorique sur le sujet: la loi ne tolère aucun report des législatives. Le 30 mai coïncide avec la fin de la période légale de l'actuelle législature. Se voulant «légaliste», Ahmed Ouyahia s'appuie sur l'article 102 de la Constitution qui oblige l'organisation de ces élections dans les délais et stipule clairement que la durée du mandat du Parlement ne peut être prolongée que dans le cadre défini par la Constitution. L'autre option qui amènerait à faire jumeler les deux dates électorales consiste à avancer les communales au mois de mai 2007, ce qui se présente pour les observateurs comme une aventure, du fait de la lourdeur des préparatifs d'un tel événement du point de vue administratif et de mobilisation des citoyens. Un risque que le chef du gouvernement ne peut prendre seul et sans l'appui de ses partenaires de la coalition. L'autre point d'achoppement réside dans la composante de l'équipe gouvernementale appelée à organiser les élections. Là encore, c'est la «guerre froide» qui s'annonce même si Belkhadem et son parti ont déjà annoncé la couleur en présentant au chef de l'Etat une liste des ministères objet du remaniement. L'objectif est simple: rafler les portefeuilles stratégiques et de souveraineté après avoir raflé les principales commissions du Sénat. Mais là encore, la résistance vient du frère-ennemi, Ahmed Ouyahia qui fait rappeler de façon diplomatique et dans un langage politique dans lequel il excelle, que le chef de l'Etat est seul habileté à manoeuvrer sur ce terrain. Ceci étant dit, la bataille électorale et ses enjeux ont occulté une donnée importante, à savoir les conditions dans lesquelles vont se tenir ces joutes électorales. Pour le Parti des travailleurs, il faut, aux yeux de Djelloul Djoudi, éviter les scénarios des élections de 1997 et 2002 qui n'ont pas exprimé la volonté populaire parce qu'il n'y avait pas de paix. C'est la condition sine qua non pour des élections démocratiques. Au sujet de la polémique qui anime, actuellement, la scène politique nationale au sujet du remaniement ministériel et du jumelage des deux échéances électorales prévues pour l'année 2007, le représentant du Parti des travailleurs présente une vision pragmatique, à savoir que les conditions techniques ne permettent pas une opération de jumelage des élections, tout en signalant, au passage, que la loi de finances pour 2007 a prévu les deux échéances, séparément. M.Djoudi insiste aussi sur le respect des mandats comme défini par la Constitution d'autant plus que le ministre de l'Intérieur avait déclaré qu'on pouvait organiser ces élections sans problème. Sur la question du remaniement ministériel, le PT est là aussi tout aussi réaliste en liant tout changement de l'Exécutif à celui du changement de la politique suivie. S'il y a une remise en cause de la politique de privatisation désastreuse suivie jusque-là, le changement s'impose sinon rien n'empêche Belkhadem de mener à terme sa mission. Tout en déclarant son parti fin prêt à prendre part à ces joutes électorales, M.Djoudi pense que l'essentiel réside dans le respect du choix du peuple et de sa volonté de choisir ses gouvernants.