Le comité national de lutte contre la corruption vient de rendre publique une plate-forme de travail. L'affaire de la corruption et des détournements de biens publics apparaît désormais comme le principal fléau national qui menace la pérennité de l'Etat et la société en général. On ne sait plus si le terrorisme a fait le lit de ce fléau majeur ou l'inverse. En tout cas, les deux phénomènes font bon ménage. La dernière loi de lutte contre la corruption votée par le Parlement est un premier départ mais elle s'avère insuffisante. Les chiffres révélés par les médias au quotidien sont inimaginables. Les saisies de stupéfiants aux frontières battent les records. Les kidnappings se multiplient. La criminalité et le banditisme se développent de manière spectaculaire. Face à l'impuissance de l'autorité publique à éliminer ces fléaux désastreux pour des pans entiers de la société, des citoyens ont décidé d'agir. Ils ont constitué un comité intitulé: Comité national «corruption affaire de tous.» La présidence est confiée à Ahmed Mahsas, sénateur et ancien ministre de l'Agriculture du gouvernement Ben Bella. L'objectif principal du comité se résume dans des «propositions de moyens de lutte contre le phénomène de la corruption sous forme d'études et de recommandations aux différentes institutions et instances nationales», lit-on dans le texte rendu public hier. Le comité se veut être un espace ouvert où se rencontrent les «différentes initiatives, propositions, suggestions et études» qui seront fournies aux institutions. Le comité s'emploie également à attirer l'attention «des institutions de l'Etat, l'opinion publique nationale, les personnalités politiques et sociales, sur le danger de la corruption ainsi que sur ses conséquences catastrophiques, en incitant la participation de l'ensemble de la société à s'engager dans la lutte contre le phénomène en vue d'éradiquer ses causes.» Le comité bénéficiera, en outre, des études et recherches réalisées par les universitaires algériens afin de peaufiner une vision nationale pour éliminer le phénomène. Les rédacteurs de la plate-forme retiennent parmi les principes de base de lutte contre la corruption «le passage de la dénonciation du phénomène au stade de réflexion» pour trouver des solutions. Comme ils tiennent à mettre leur initiative à l'abri des exploitations politiques ou partisanes, tout en ouvrant l'adhésion aux représentants des institutions gouvernementales et ONG. Ils veulent, particulièrement apporter un éclairage nouveau sur «les résultats négatifs du phénomène et les voies de son traitement de manière scientifique et objective qui préserve les intérêts de la nation et du citoyen.» Mais aucune allusion n'est faite aux lois qui devraient être, en toute logique, le premier rempart contre les menées de la corruption. Il serait utile de rappeler que l'initiative de Mahsas et son groupe intervient au moment où le procès Khalifa occupe le devant de la scène médiatique avec les révélations surprenantes qui sont distillées au fil des jours. La «maffia russe» -la dénomination est empruntée à Hanoune- est bien là. Elle prospère sous le ciel d'Allah.