Avec pas moins de 22 zones d'activités, réparties à travers le territoire de la wilaya, la capitale des Hammadites n'arrive toujours pas à décoller. Le destin d'une wilaya peut-il se décider sur une décision inscrite noir sur blanc? La question mérite d'être posée car si tel est le cas, Béjaïa serait une grande métropole économique capable de créer autant d'emplois et de richesses qu'il faut pour les besoins de toute la région du centre du pays. Hélas, la réalité est tout autre. Certes la wilaya de Béjaïa possède une dynamique propre et des atouts économiques, culturels et sociaux, pour s'émanciper par rapport au reste du pays. Avec son port, son aéroport et ses nombreuses zones d'activité, le contraire serait étonnant. Sachant qu'un pôle économique est un objectif qui se réalise autour d'une grande agglomération unissant campagnes et villes sur fond de synergie d'activités économiques dont l'agriculture, l'industrie et les services, à Béjaïa ce n'est pas le cas. Ces paramètres constitutifs manquent cruellement. Avec pas moins de 22 zones d'activités, réparties à travers le territoire de la wilaya, Béjaïa n'arrive toujours pas à décoller même si parfois elle laisse penser à une percée économique enviable si l'on considère certaines zones situées sur la vallée de la Soummam. Il s'agit, en l'occurrence, de Taharacht. Un fleuron de la réussite dans ce type d'investissement. D'autres exemples de moindre importance existent aussi comme les zones d'activité de Béjaïa et d'El Kseur. Le reste demeure à l'abandon pendant que des opérateurs économiques sont en quête d'assiettes de terrains pouvant accueillir leurs projets en souffrance. Un abandon qui s'illustre, de l'avis, même de nombreux opérateurs, par l'absence d'efforts allant dans le sens de faciliter l'initiative d'investissement. L'absence de viabilisation, et lorsque celle-ci existe, elle est réalisée n'importe comment. Pas de raccordement en électricité, en eau et en gaz, autant de facteurs qui font fuir les plus téméraires des investisseurs. Si certains patrons osent dépasser ces problèmes en mettant la main à la poche, cela ne peut être le cas pour d'autres «entraves», notamment celles liées à la situation juridique des parcelles de terrain. Certaines APC refusent, également, pour des raisons fondées ou non, de délivrer les permis de construire. L'imbroglio juridique dans lequel se trouvent la plupart des zones d'activité à travers la wilaya de Béjaïa et les insuffisances de tous genres qui les frappent de plein fouet, contribuent par ailleurs, au blocage de tout développement...La complémentarité entre les zones d'activités, qui fonctionnent plus ou moins, n'existe pas réellement. L'industrie agroalimentaire qui fait la notoriété des zones d'activités de la région, n'a que très peu de rapport avec la production agricole locale et ne contribue que très peu à l'essor d'autres activités en amont. Quel est l'apport de la production laitière locale dans la fabrication du yaourt Soummam ou Danone? Le gros de la matière première est importé de l'étranger pour être transformé ici en produits de consommation. D'autres questions similaires sont plausibles tant les liens naturels entre le secteur productif et celui de la transformation sont faibles. Les étrangers à la rescousse L'Etat à travers les différents plans de croissance, tente de remédier aux différentes entraves. Le dédoublement des routes nationales 09 et 12, l'aménagement du barrage de Tichy-Haff (150 millions de m3), autant de projets inscrits dans le cadre des programmes de développement local à la faveur du plan de soutien à la croissance, mais dont l'implication sur le développement ne peut être mesuré qu'après leur réception. A ce propos, le barrage de Tichy-Haff est présenté comme un remède définitif aux besoins en eau qu'elle soit potable, industrielle et d'irrigation au niveau de la vallée de la Soummam et de la région du Sahel. En effet, le projet, bien que datant de plus de 20 ans, contribuera à l'alimentation de 23 agglomérations et des zones industrielles situées sur l'axe Akbou-Melbou. Cette réalisation devrait desservir aussi les périmètres irrigués de le haute Soummam (3 200 ha) et du Sahel (6 400 ha). Ce qui permettra à la rivière de la Soummam de retrouver son eau. On dit même qu'elle pourrait devenir navigable, sachant que toutes les stations de pompage d'eau, qui servent à l'alimentation de tout genre en eau, seront fermées. L'eau rejaillira, dit-on encore. D'importants efforts ont été également consentis en faveur de l'aménagement du territoire, de l'habitat et des services. Des actions ont été aussi inscrites pour la proximité et le développement de la zone rurale. Des dispositifs d'aide à la création de micro-entreprises ont insufflé une réelle culture entrepreneuriale. L'intérêt qu'accordent les étrangers à l'investissement dans la région, se fait de plus en plus présent. Les Australiens sont partis déjà pour exploiter la mine de zinc à Amizour. Le contrat est presque ficelé, avec à la clé, plus d'un millier d'emplois directs, sans compter les indirects qui découleront de cette exploitation. La visite de prospection entreprise par l'ambassadeur de la République de Turquie dans la wilaya de Béjaïa, à l'invitation de la Fédération nationale des cadres de la finance et de la comptabilité, est illustrative à ce titre. Plusieurs rencontres pour parler des créneaux d'investissement qui intéressent particulièrement son pays à travers la vallée de la Soummam ont eu lieu. Si l'invité a vite fait montre de l'intérêt d'exporter, ici en Algérie, les produits de son pays, les investisseurs, les entrepreneurs et les élus de la région n'ont pas manqué d'évoquer le transfert de technologie, l'importation du savoir-faire turc et la mise sur pied d'un partenariat solide, signifiant indirectement à Son Excellence l'ambassadeur de Turquie, où se situent les besoins locaux. Une tendance relativement nouvelle chez les hommes d'affaires locaux qui misent, désormais, sur le long terme contrairement à ce qui se passait jusque-là, à savoir le commerce tout court. C'est à tout ceci qu'il faut désormais penser, pour une meilleure cohésion économique et surtout un développement durable dont on ne cesse de parler depuis des années.