Les chiffres officiels sur le chômage démontrent pourtant que la situation s'est bel et bien améliorée. Le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs compte lancer une campagne de sensibilisation contre l'immigration clandestine. Ainsi, 14.000 mosquées au niveau national entameront une vaste campagne à destination des jeunes qui tentent d'immigrer clandestinement. Il s'agit, à travers cette action, de tenter d'endiguer le phénomène qui est à l'origine de la mort d'une centaine de jeunes «harraga» et la disparition d'autant de leurs compagnons d'infortune au large des côtes. Une fetwa est même en train d'être préparée pour interdire officiellement l'immigration clandestine et déclarer illicites les risques que prennent les harraga. Cette fetwa interviendra au courant de la semaine prochaine. Selon les déclarations faites récemment par le cheikh Abou Abdessalem, président de la commission nationale des fetwas, ces jeunes risquent leur vie en mer en tentant d'immigrer par des moyens illégaux. Il sont conscients des risques et périls auxquels ils s'exposent, chose qui s'apparente à une tentative de suicide. «Cela est en porte-à-faux avec les préceptes de l'Islam». Les réseaux de passeurs qui sont derrière la propagation du phénomène seront également visés par la fetwa. Le ministre des Affaires religieuses, M.Bouabdellah Ghlamallah, a également, annoncé des mesures pour la prise en charge de ces candidats à l'immigration permettant, notamment de faire face à ce phénomène. Ces derniers peuvent désormais bénéficier des fonds collectés dans le cadre de la zakat pour initier des projets d'investissement. La «zakat d'investissement» est destinée exclusivement aux jeunes disposant d'un diplôme ou d'une qualification professionnelle et ayant à leur charge des familles. Des crédits sans intérêt leur seront octroyés pour la création de micro-entreprises. Autre mesure décidée par le département de Ghlamallah concerne la «zakat de la consommation». Celle-ci bénéficiera aux nécessiteux qui ne maîtrisent aucun métier ou qui sont non diplômés. Il faut rappeler que depuis l'institution, en 2004, du Fonds de la zakat, pas moins de 1280 micro-entreprises ont été créées dans différents domaines, notamment dans l'agriculture, la communication et la publicité. En 2006, 4586 harraga ont été stoppés en mer par les gardes-côtes et ramenés en terre ferme, rappelle-t-on. Pendant cette même période, des dizaines de corps ont été charriés par la mer. Certains ont échoué sur les berges, d'autres coincés entre les rochers. Il faut dire que la prolifération alarmante de ce phénomène a ramené l'Etat à agir et utiliser d'autres moyens pour convaincre nos jeunes à renoncer à ces tentatives. Et cette fois-ci, on recourt au religieux sachant qu'en Algérie, ce message passe bien mieux qu'autre chose. En fait, ces jeunes fuient la misère, le chômage, le vide culturel et l'absence de loisir. Et pourtant, les chiffres officiels sur le chômage confirmés par le département de Ould Abbès démontrent que la situation s'est bel et bien améliorée. Mais les changements annoncés ne sont pas ressentis réellement sur le terrain. L'accès à un emploi décent et stable, notamment pour les universitaires, est plutôt illusoire. Ces jeunes ne trouvent ainsi de solution à leurs maux que de quitter leur pays, quitte à utiliser les moyens extrêmes. D'autres s'enfoncent graduellement dans la drogue et la délinquance, des fléaux qui ont atteint un degré inquiétant dans notre société.