Le rapport très critique sur le Sahara occidental, du secrétaire général de l'ONU, met chaque acteur du dossier sahraoui fasse à ses responsabilités. Il est clair que le contentieux du Sahara occidental s'est fourvoyé, du fait du Maroc, depuis quelques années, dans un labyrinthe d'impasses d'où il lui était devenu difficile d'émerger. Les efforts continus et répétés des Nations unies consentis depuis plus de 25 années se sont révélés à ce jour vains. Et pour cause ! Le coup de gueule du secrétaire général de l'ONU se justifie par l'impuissance que l'organisation internationale éprouve dans l'exercice de sa médiation pour arriver à une solution définitive d'un conflit dont les tenants et aboutissants sont clairs pour tous sauf pour le Maroc qui a, de tout temps, fait obstacle à la mise en oeuvre du processus référendaire pour le Sahara occidental. Aussi, dans son rapport, remis le 19 février au Conseil de sécurité, Kofi Annan préconise-t-il quatre options qui, selon lui, doivent, d'une manière ou d'une autre, obliger les acteurs du dossier sahraoui à assumer leur pleine responsabilité. C'est ainsi que le secrétaire général de l'ONU donne au Conseil de sécurité à choisir entre : 1) la mise en oeuvre du plan de paix de l'ONU dans son intégralité, 2) une modification substantielle de ce qui est appelé «accord- cadre», 3) l'exploration auprès des parties au conflit d'un éventuel accord prévoyant le partage du territoire, 4) signifier la fin de mission de l'ONU au Sahara occidental. De cet ensemble de suggestions, il ressort que l'ONU tient toujours, autant que faire se peut, à l'application du processus référendaire qui demeure en tout état de cause le seul cadre et la seule solution juste et acceptable pour autant qu'elle permette au peuple sahraoui d'exprimer son choix dans la clarté et la transparence. Un droit à l'autodétermination reconnu aux peuples colonisés par les différentes résolutions de l'ONU, notamment la résolution 1514 (XV) portant «déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples colonisés». C'est dans ce sens que l'ambassadeur d'Algérie, auprès des Nations unies, a remis au président du Conseil de sécurité une lettre portant sur la position de l'Algérie concernant le rapport du secrétaire général sur la situation au Sahara occidental. D'emblée, M.Baâli relève qu'après «l'avis juridique du 29 janvier 2002 qui a clairement et opportunément rappelé et confirmé que le royaume du Maroc occupait illégalement le Sahara occidental et qu'il ne pouvait, par conséquent, prétendre à aucune légitimité ou reconnaissance internationale, sinon celle de puissance occupante» souligne: «Le rapport du secrétaire général (de l'ONU) est venu rappeler, dans son paragraphe 48, que si le plan de règlement agréé par les deux parties au conflit, le royaume du Maroc et le Sahara occidental, et endossé par le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale des Nations unies, n'a pu être appliqué et que si sa mise en oeuvre risque de rencontrer de nouveaux obstacles dans l'avenir, c'est ‘‘ parce que le Maroc ne s'est pas montré disposé à aller de l'avant avec le plan de règlement.''» M.Baâli explicite ensuite, dans sa lettre, la position de l'Algérie sur les options présentées par M.Annan. A propos de la première l'ambassadeur algérien écrit: «(...) Il va de soi que c'est celle qui bénéficie de la faveur de l'Algérie qui a, de tout temps, apporté son plein appui à la mise en oeuvre du plan de règlement, convaincue que l'organisation d'un référendum d'autodétermination libre et impartial constituait la voie la plus juste et la plus appropriée pour permettre au peuple sahraoui du Sahara occidental, sous occupation marocaine, de décider librement de son destin en conformité avec la résolution 1514 (XV) portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples colonisés et avec les résolutions pertinentes de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité.» Aussi, affirme l'ambassadeur algérien, «l'Algérie considère que le plan de règlement peut être appliqué et que le processus de décolonisation au Sahara occidental peut être mené à son terme, pour peu que les Nations unies fassent montre de la détermination nécessaire et, à cet égard, la proposition du secrétaire général et de son envoyé personnel consistant à ne pas exiger l'assentiment des parties lequel a permis à l'une d'entre elles, aujourd'hui identifiée par le secrétaire général (...) de retarder pendant plus de dix ans la tenue du référendum d'autodétermination, pourrait permettre la mise en oeuvre ordonnée et harmonieuse du plan». A propos de la seconde option, M.Baâli a été clair en réaffirmant que l'Algérie avait, à maintes reprises, «formellement exprimé son opposition au projet d'accord-cadre (...)» assurant que l'Algérie «tient ici à réitérer ses objections fondamentales à ce projet d'accord-cadre qui, quel que soit le degré d'autonomie qu'il pourrait accorder à la population du territoire, pèche par le fait qu'il occulte une réalité incontournable, à savoir que la question du Sahara occidental est une question de décolonisation et qu'il conférerait à un pays la souveraineté sur un territoire qu'il occupe illégalement». S'agissant de la troisième option, l'Algérie «demeure disposée à examiner toute proposition de solution politique qui prendrait pleinement en charge les intérêts nationaux légitimes du peuple sahraoui», dira l'ambassadeur algérien. Pour ce qui est de la dernière option, le représentant algérien à l'ONU affirmera: «l'Algérie, qui appelle de tous ses voeux à un règlement juste et définitif de la question du Sahara occidental (...), considère que les Nations unies doivent s'impliquer de manière plus décisive et plus déterminée dans le règlement juste et définitif de la question du Sahara occidental.» De fait, l'ambassadeur de l'Algérie à l'ONU s'est surtout efforcé de rappeler les devoirs de l'ONU dans les problèmes de décolonisation, tels que exposés par les diverses résolutions y afférentes et les droits des peuples colonisés à l'autodétermination. Une position qui prend en compte l'ensemble des décisions prises par l'ONU dans la situation de territoires sous occupation étrangère. Ce qui est le profil du Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975 et figurant dans les dossiers de l'ONU comme territoire à décoloniser.