Les entrepreneurs favorisent plutôt le partenariat. Les Français sont toujours «frileux» en matière d'investissement en Algérie. Le premier maire-adjoint de la ville de Montreuil, Jean-Jacques Serey, considère le partenariat entre les entrepreneurs des deux pays comme étant la meilleure solution qui corresponde au tissu des petites et moyennes entreprises (PME) sachant que les PME contribuent à 70% au PIB hors hydrocarbures dans notre pays. «Les entrepreneurs favorisent beaucoup plus le partenariat qu'une délocalisation», a-t-il déclaré hier, lors d'un point de presse animé en marge d'une rencontre d'affaires entre les PME algériennes et celles de la région de Montreuil. La délégation est composée de 25 entrepreneurs représentant des PME de Montreuil. Confirmant la forte présence de PME montées par des opérateurs d'origine algérienne parmi les 3000 entreprises que compte cette région, M.Serey a affirmé que cela permettrait de «bien connaître le mode de vie des Algériens et, mieux encore, leurs besoins réels». S'agissant des formes de partenariat que les opérateurs montreuillois comptent promouvoir avec leurs homologues algérois, l'orateur a précisé que toutes les possibilités sont à l'étude, notamment le transfert de savoir-faire et le montage de PME mixtes en Algérie. La question des investissements français constitue la dominante du moment dans les relations algéro-françaises. «Il faut faire plus», disent les Algériens aux entrepreneurs français, mettant en avant les liens commerciaux forts entre les deux pays et une certaine communauté culturelle. Ils estiment qu'au regard du volume d'affaires que réalisent les Français avec leurs partenaires algériens, le volume des investissements français en Algérie est faible.«Nous faisons déjà beaucoup mais il faut créer les conditions pour que nous puissions faire plus», répondent ces derniers, conscients des opportunités offertes par un pays à qui l'explosion des recettes liées aux hydrocarbures a conféré une aisance financière, synonyme aussi d'ouverture accrue à de nouveaux partenaires économiques. Le président de la République n'a eu de cesse d'exhorter les entreprises étrangères - pas seulement les Françaises - à investir en Algérie et de ne pas se contenter d'exporter leurs produits. «L'Algérie a besoin de savoir-faire», a-t-il insisté à maintes reprises. Les déplacements fréquents du ministre des Participation et de la Promotion des investissements en France n'ont pas infléchi les Français qui ne sont pas pour autant convaincus de toutes les opportunités offertes dans ce sens. «Au-delà du fait que le pays sort d'une guerre civile, l'environnement économique n'est pas optimal pour investir», tempèrent certains entrepreneurs français qui estiment qu'il y a de fortes barrières. Outre les lourdeurs administratives, se pose d'abord le problème du foncier: trouver un terrain est une tâche ardue pour eux. Le système bancaire, pour lequel une réforme est promise de longue date, est également qualifié «d'archaïque». «Mais ça s'améliore», assurent les responsables algériens, pointant le fait que le délai pour créditer les chèques vient de tomber à trois ou quatre jours, contre quatre mois. La méfiance des entrepreneurs français est liée, en outre, à d'autre facteurs comme le manque de main-d'oeuvre qualifiée. «On peut faire mieux, c'est sûr, mais nous sommes quand même les premiers investisseurs, hors hydrocarbures», appuie Michel de Caffarelli, président de la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie. Environ 200 entreprises françaises sont installées, soit 7000 emplois. En 2005, les investissements directs français ont progressé de 74%, à 140 millions de dollars (109 millions d'euros), selon la Banque d'Algérie. «Il y a de nombreux projets. Et substantiels», justifient les responsables français, citant les banques qui développent leurs réseaux d'agences, ou Accor et son plan de construction de 36 hôtels Ibis.