Dans une conférence-débat à Bouira, Ahmed Djeddaï annonce que le mouvement citoyen est la seule alternative qui fera partir le pouvoir. C'est dans une salle comble que le premier secrétaire national du FFS accompagné de MM.Thazaghart et Bouaïche a animé jeudi dernier une conférence-débat dans laquelle les positions immuables du plus vieux parti d'opposition ont été expliquées. Le conférencier fidèle à son franc-parler et à un humour que personne ne lui connaissait a articulé son intervention sur trois axes qu'il considère primordiaux dans l'analyse de la situation nationale. Le volet sécuritaire à lui seul ne justifie pas, selon Djeddaï, le marasme quotidien. Il lui associera la fermeture des champs politiques et médiatiques dictée par la volonté de perpétuer un système basé sur l'exclusion, la corruption. Le premier responsable du FFS retiendra dans son argumentation une comparaison entre les «guerres» qui, en Algérie, ont fait 200.000 victimes en dix ans alors qu'au Moyen-Orient en 50 ans de lutte du peuple palestinien contre l'Etat hébreu, il est enregistré 10.000 morts. Djeddaï admettra que la responsabilité des groupes armés islamiques est totale, mais il incriminera aussi le pouvoir et les services de sécurité qui «tuent enlèvent, abusent des pouvoirs que la loi leur confère. La sécurité du citoyen n'est pas une priorité pour ceux qui vivent dans la caserne de Club-des-Pins», dira l'intervenant. La solution, uniquement politique à cette crise, toujours défendue par le Front est une charte politique nationale qu'élaboreront les partenaires politiques actifs sur la scène nationale, l'ANP incluse et qui s'engageront publiquement autour des points comme l'alternance au pouvoir, le respect des libertés individuelles, les droits de l'Homme... «Nous comptons sur les forces vives autonomes de ce pays pour faire aboutir cette exigence.» Parmi les partenaires retenus par le FFS, Djeddaï annoncera publiquement que le mouvement citoyen né en Kabylie et qui se nationalise reste une opportunité pour un réel changement. «Ceux qui nous accusent de vouloir récupérer le mouvement se trompent parce qu'ils oublient que nous sommes les premiers à soutenir la révolte en organisant les 3 et 31 mai des marches après l'assassinat de Guermah et nos militants sont dans le mouvement.» Le mot «ârchs» que le pouvoir utilise à des fins de manipulation doit, selon Djeddaï, être proscrit au profit de celui de «mouvement citoyen». Concernant l'avenir de cette protestation populaire, le conférencier maintiendra qu'il (mouvement) reste le seul espoir. «Le pouvoir, à travers les dialoguistes, les autonomistes et l'aile radicale, tente de casser l'élan des jeunes de la Kabylie qui continuent le combat de leurs aînés en voulant dresser le reste de l'Algérie contre les porteurs d'espoir». Pour les élections, le premier secrétaire dira que le FFS ne les considère pas comme une priorité et le refus de répondre à l'invitation du Président s'inscrit dans cet ordre d'idées. Les propos seront acerbes à l'égard des partis qui se bousculent devant le portail d'El-Mouradia. «Ils forment une âyla haïla (émission de Djallal)» commentera Djeddaï. L'autre parti de la Kabylie se taillera la part du lion quand Djeddaï fustigera et le pouvoir et ses relais. «A chaque fois qu'il est question d'élections d'urnes qui avortent, d'urnes enceintes... les décideurs font appel aux Nahnahiate, Saâdiate... qui perpétuent la hogra, la corruption, le meurtre moyennant des places...» Sur le plan international et la nouvelle donne suite aux événements du 11 septembre, il reprochera aux USA une volonté de faire du tout sécuritaire sans l'accompagner d'une politique de lutte contre le terrorisme à ses origines dont la responsabilité incombe aux régimes dictateurs à l'image de celui de l'Algérie, pense Djeddaï. En conclusion, le conférencier informera l'assistance que la décision de participer ou non aux élections n'est pas encore prise. «D'ici à là nous continuerons notre combat pour élargir le champ de la protestation pour la libération de l'Algérie, combat commencé par le mouvement citoyen».