L'ombre de Yasmina Khadra a plané sur le film, lequel est rehaussé par le talent du comédien Miloud Khetib dans la peau du commissaire Llob... Prévu pour mai 2005, l'adaptation cinématographique de la trilogie de Khadra (Morituri, Double blanc et L'automne aux chimères) a été enfin dévoilée, mercredi soir, en avant-première internationale, à la salle Algéria, en présence de son réalisateur, Okacha Touita, du staff technique, une partie des comédiens et sous l'oeil attentif, bien évidemment, de Kamel Bouchama, commissaire chargé de l'organisation d' «Alger, capitale de la culture arabe», lequel a octroyé une aide pour l'achèvement du film (postproduction). Pour rappel, coproduit par Claude Kunetz (Wall Woks) du côté français et Bachir Derraïs (cinéma Média Spectacles) et l'Entv, du côté algérien, ce film d'un format de 35 mm a bénéficié du concours et du soutien du Centre national du cinéma CNC (France) et non pas du Fdatic comme il a été avancé au départ. Les fonds de celui-ci restant désespérément vides! Le scénario est signé Okacha Touita, Yasmina Khadra, Michel Alexandre et Nadia Char. Beaucoup de monde en somme, le résultat ne devait être au final que bon et c'est effectivement le cas. Le public a suivi de bout en bout les aventures du commissaire Llob, scotché à ses lèvres, où plutôt à l'écriture allégorique de Yasmina Khadra, qui, fidèle à son tempérament de feu, de quelqu'un qui n'a pas sa langue dans sa poche et surtout fort de ses convictions, crache à tout ceux qui veulent bien entendre ou.. voir, la vraie face hideuse d'une Algérie pourrie jusqu'à la moelle, quitte à choquer les âmes prudes, en partant des petits bandits, devenus intégristes, décapiteurs de têtes de femmes sans scrupules et déposeurs de bombes, à tout va, des virées nocturnes dans des bars douteux, sa rencontre avec des maquereaux, jusqu'à la supercherie de la mafia politico-finacière décriée et dénoncée avec virulence. C'est l'histoire du commissaire de police Llob dans une Algérie tourmentée, prise dans le filet des mains des terroristes de tout acabit... Devenu la cible privilégiée de ces derniers, c'est avec la peur au ventre qu'il intègre chaque matin son bureau au commissariat central d'Alger. Convoqué par son directeur, celui-ci l'oriente vers Ghoul Malek, un ancien potentat du régime qui le charge avec autorité de retrouver sa fille disparue. Ecrivain à ses heures, intègre, l'esprit vif et le ton railleur, un rien cynique, Llob mène l'enquête avec ses adjoints, les lieutenants Lino et Serdj. Très vite, il s'aperçoit qu'il opère en terrain miné. Son enquête le mène sur la piste d'un groupe terroriste chargé d'éliminer les intellectuels algériens. Après avoir démasqué l'émir Abou Calypse, surprenant dans la peau d'un Sid Ahmed Agoumi, l'esprit aliéné et se sentant trahi dans «sa foi et ses croyances» par «la perte d'identité et de nationalisme» de ses semblables qui prônent «l'occidentalisation», ses investigations le conduisent, peu à peu, vers des personnages impliqués dans un scandale financier. Il découvre, avec l'aide de son collègue Dine (Boualem Bennani), ancien commissaire déchu, qu'il est au centre d'une manipulation diabolique... Devenu gênant pour certains, s'apprêtant à publier un livre dénonciateur qui n'est autre que...Morituri, Llob, est dans l'obligation de prendre sa retraite anticipée, mais il est rattrapé par ses ennemis et assassiné en pleine rue, dans sa voiture, à sa sortie du commissariat de police...Aussi, l'écriture photographique de Khadra est allégrement restituée et avec elle son corollaire, sa charge émotionnelle et son suspense. Le film intègre aussi des scènes d'archives comme celles de l'attentat contre le commissariat central d'Amirouche dans lequel le film a été tourné en partie. Des images d'horreur, pas si lointaines, hélas, qui nous ont plongé de plain-pied dans les terribles années noires...! Le film parvient ainsi, sans trop d'étalage, à faire installer ce «retour» en même temps dans nos mémoires. Un film utile car, pourfendeur et, pour une fois, assez crédible...Sa sortie en France est prévue le 27 avril 2007.