Le pouvoir n'est pas contre l'ouverture du champ audiovisuel. C'est la loi de 90 qui ne le permet pas, a fait savoir le ministre. Le gouvernement projette de lancer une télévision institutionnelle. L'annonce a été faite hier, par le ministre de la Communication M.El Hachemi Djiar, à l'APN, à l'occasion de l'ouverture de l'atelier de formation, organisé par l'ONG américaine Cnsl, portant sur la relation du Parlement avec la presse. Cette chaîne, selon le premier responsable du secteur, s'intéressera exclusivement aux activités officielles, à retenir par cette précision l'agenda du Parlement et des collectivités locales, les activités de l'Exécutif, et bien évidemment, celles du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika même si, faut-il le souligner, M.Djiar n'a pas voulu trop s'attarder sur cette question, prenant le soin de préciser qu'il ne s'agissait que d'un projet qui sera soumis à la corporation avant d'entamer la moindre démarche. «Nous allons tenter d'enrichir cette orientation. Si, atteste-t-il, le projet ne fait pas le consensus parmi les professionnels de la presse, nous allons ensemble penser à d'autres outils de communication plus efficaces». Djiar a fait savoir que son initiative est dépourvue d'arrière-pensées politiques. Il a affirmé que son objectif étant de pallier les «lacunes» remarquées dans le domaine de la communication officielle. Une défaillance, comme le soulèvent les experts en communication qui a, dans plusieurs cas, nourri le doute et l'incompréhension auprès de l'opinion publique. Le ministre n'a pas fait le lien mais il s'avère, selon les observateurs avertis, que ce projet s'inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie engagée par le département de la communication pour le secteur. Quelle marge de manoeuvre politique aura cette chaîne? Et quel sort sera réservé à l'Entv, qui elle aussi, a une mission publique? Le ministre se contente de dire qu'il n'a pas en charge un ministère de privatisation. Plus explicite, il affirme qu'il n'est pas question de privatiser l'Entv puisque chaque secteur a ses propres missions. Ce projet sera lancé, faut-il le noter, au moment où l'ouverture du champ audiovisuel n'est pas permise. Cela ne risque-t-il pas d'élargir davantage le fossé entre l'Exécutif et la presse privée? «Non», dira le ministre de la Communication. Ce dernier a rappellé encore une fois que l'Etat ne fait pas de ségrégation entre les secteurs public et privé que ce soit dans la presse écrite ou dans l'audiovisuel. «Le pouvoir n'est pas contre l'ouverture du champ audiovisuel. C'est la loi de 90 qui ne le permet pas», tient-il à préciser. Il reconnaît, néanmoins, que chaque ouverture doit se préparer au risque de voir les intérêts suprêmes du pays menacés. Tout compte fait, l'avantage sera accordé aux nationaux le jour où le champ audiovisuel sera ouvert, conclut M.Djiar.