Le ministre écarte l'idée d'une Opep du gaz alors que l'UE surveille de près les propos russes. La société nationale, Sonatrach, créera une société de distribution du gaz en France dans les prochains mois. C'est ce qu'a annoncé, mercredi à Madrid, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Il a précisé que la succursale française sera opérationnelle dans les prochains mois. Jusqu'à présent, la Sonatrach vendait son gaz à de grands fournisseurs, comme Gaz de France (GDF), dans le cadre de contrats à long terme. Le ministre a précisé que la Sonatrach espère ainsi «avoir une vision claire du marché» qui s'ouvre en Europe, où «elle peut être le commercialisateur le plus compétitif». M.Khelil ne veut pas pour autant effaroucher ses clients traditionnels. Notamment GDF, dont 18% des approvisionnements proviennent d'Algérie, son troisième fournisseur après la Norvège (30%) et la Russie (23%). «Nous ne pensons pas que nous allons devenir un grand acteur de la distribution», a-t-il voulu rassurer, avant de poursuivre, «Ce n'est pas notre intérêt, nous sommes un important fournisseur». Outre la France, Sonatrach compte également ouvrir une filiale de distribution de gaz en Espagne. En 2006, les exportations gazières de l'Algérie vers l'Europe ont représenté 97% du volume total (de ces exportations), soit 61 milliards de m3, a-t-il indiqué. Depuis 2002, la Sonatrach a fortement contribué à l'émergence de nouveaux acteurs sur le marché européen, a tenu à souligner le ministre, donnant l'exemple de 16 nouveaux projets dans lesquels Sonatrach est en partenariat avec plusieurs autres compagnies sans tenir la majorité de contrôle dans le capital. Il a, notamment, cité le projet de gazoduc Medgaz, dans lequel Sonatrach détient 36% du capital ou le projet Galsi où elle est actionnaire à hauteur de 33%. M.KhleliI a ajouté, en outre, que Sonatrach est prête à baisser sa participation dans le capital de Medgaz pour permettre l'entrée de l'espagnol, Gas Natural, précisant, cependant, que l'accord des autres partenaires est nécessaire. Par ailleurs, le russe Gazprom, considéré comme étant l'autre principal fournisseur de Gaz à la France, a, également, lancé sa filiale de distribution à la fin de l'année 2006. Profitant de l'ouverture des marchés européens à la concurrence, ces grands groupes gaziers qui jouissent d'importantes réserves de gaz concurrenceront donc les opérateurs historiques, comme Gaz de France. D'ailleurs, la création d'une Opep du gaz continue de susciter l'inquiétude des Européens. M.Chakib Khelil tente, pour la énième fois, de rassurer ces derniers sur l'impossibilité de la création d'une Opep du gaz. «Créer une Opep du gaz n'est pas possible pour une raison simple: toutes les ventes se font dans le cadre de contrats à long terme», a déclaré le ministre, mercredi, lors d'une conférence de presse à Madrid. «Il ne peut pas y avoir d'Opep du gaz s'il n'y a pas de liquidité du marché», a-t-il ajouté. Abordant les amendements apportés à la loi sur les hydrocarbures, notamment la taxe sur les bénéfices exceptionnels, décriés par certaines entreprises étrangères, Chakib Khelil estime que ces amendements n'affectent nullement les compagnies dont les contrats sont récents. «Ils affectent beaucoup plus les entreprises qui ont signé des contrats dans les années 80, négociés dans un environnement complètement différent de l'actuel», a-t-il précisé. Pour le ministre, il est très important que les contrats soient stables, c'est-à-dire qu'ils protègent les intérêts de toutes les parties. «Aujourd'hui le prix du pétrole est de 60 dollars et non plus 20, alors où vont les bénéfices exceptionnels?» s'est-il interrogé.