Ces crimes sont révélateurs tant dans la forme que prennent ces enlèvements et que dans le modus opérandi suivi par les kidnappeurs. La situation économique influe dangereusement sur l'insécurité en Kabylie. Une région qui, pourtant, laissait prévoir un léger mieux, après avoir connu une série de faits, les uns liés au terrorisme et les autres apparemment dus au banditisme. En effet, les enlèvements ou kidnappings que les citoyens n'ont connus que dans les séries policières à trois sous sont quasiment devenus une incontournable réalité. Une réalité laissant les uns et les autres pantois. Ces kidnappings semblent selon les uns, l'oeuvre de terroristes en vue justement de «renflouer» leur trésorerie et selon les autres, le fait de bandits. Mais ces crimes sont révélateurs tant dans la forme que prennent ces enlèvements que dans le modus opérandi suivi par les kidnappeurs qu'une certaine collusion entre les deux formes de criminalité est perceptible. D'où justement le fait que beaucoup d'observateurs parlent de jonction entre le terrorisme et le banditisme. En attendant les conclusions des enquêtes déclenchées par les services de sécurité et à la lueur de certaines indiscrétions récoltées ici et là, on ne peut pour l'heure que soupçonner de crimes crapuleux deux affaires, celle hélas ayant conduit à l'assassinat d'un enfant dans la région de Souk El Tenine et celle, plus récente de l'assassinat d'un moudjahid, à Aït Zaïm, dans la commune de Maâtkas. Dans le premier cas, il semble que ce soit une affaire d'héritage qui est à l'origine du crime. D'ailleurs le principal suspect est actuellement entre les mains de la justice. Le meurtre du moudjahid et GLD de Maâtkas semble, quant à lui, avoir pour cause principale le vol et des suspects sont interrogés par la police. Ce genre de crime, qui a soulevé bien des controverses et surtout la réprobation des gens, avant que la police ne vienne mettre le holà à une série de supputations, est récent en Kabylie. Par le passé, ce genre de crime était attribué par la population au terrorisme, alors que la Kabylie tremblait devant les bandes du GIA. Ce n'est que bien plus tard et après que plusieurs bandits aient été arrêtés et transférés devant la justice, que les citoyens ont fini par comprendre qu'il y a deux sortes de criminels: les bandits de grand chemin et les terroristes. Les enlèvements de personnes par des groupes armés semblent avoir été «inaugurés» par feu Matoub Lounès. A l'époque, les ravisseurs n'avaient pas demandé de rançon mais avaient chargé le défunt, assassiné quelques années plus tard sur la route de Béni Douala, de transmettre un message pour le MCB. Plus récemment est apparue une autre forme d'enlèvement rappelant les méthodes siciliennes. C'est ainsi que le premier à «ouvrir» cette triste liste est le propriétaire du bar Le Panorama à Boudjima, enlevé la nuit du 31 décembre 2005. Un gardien de prison sera retrouvé assassiné quelque temps après, alors que le patron du bar où il fut enlevé, a été libéré apparemment après versement d'une rançon. La seconde victime est le frère et gérant de la société de travaux publics Haddad, enlevé sur la route entre Fréha et Azeffoun, lui aussi apparemment libéré contre paiement d'une rançon. A Maâtkas, ce sont deux personnes qui sont enlevées et libérées contre rançon. Du côté de Draâ Ben Khedda, c'est le fils d'un industriel Y. Amine qui a été enlevé sur la route de Tigzirt à Tizi Ouzou et lui aussi, libéré après versement d'une forte rançon. Un entrepreneur activant sur un chantier dans la commune d'Aït Yahia Moussa, alors qu'il était en charge de la réalisation d'un lycée dans cette région, a été enlevé et libéré après près d'un mois par ses ravisseurs sans doute après avoir payé une rançon. Aux Issers, dans la wilaya de Boumerdès c'est également un entrepreneur et gérant d'une carrière de tuf, qui, circulant en compagnie de son enfant, âgé d'environ une douzaine d'années, a été enlevé, le lundi 29 janvier écoulé, sur la route entre les Issers et une localité de cette région. Il n'a été libéré qu'après une captivité de six jours et on prétend que la famille aurait versé une rançon de près de 2,5 milliards de centimes. Enfin, récemment, soit samedi dernier, c'est dans un faux barrage que deux citoyens sont tombés du côté de Tamda, à la sortie est de Tizi Ouzou. Les agresseurs, après avoir sérieusement battu l'un des occupants d'un véhicule, ont enlevé son compagnon de voyage. Enfin et dans la région de Tizi Gheniff, c'est un commerçant qui a reçu en pleine nuit un appel téléphonique l'informant que trois de ses camions et son fils ainsi qu'un autre membre de sa famille étaient entre les mains d'un groupe armé. Ce groupe lui demande de payer 600 millions de centimes pour la libération des otages et des camions. Il leur donne une forte somme d'argent et ces derniers libèrent les otages et prennent la fuite. La population est angoissée et se demande si demain ce ne sera pas le tour de travailleurs quand les kidnappeurs demanderont des sommes mirobolantes à ceux qui ne peuvent pas payer. Et tous de prier que les forces de sécurité fassent diligence afin de neutraliser ces hors-la-loi.