Il interpelle le gouvernement à associer la société civile dans ce processus. «Le dispositif juridique de lutte contre la corruption n'est pas à la hauteur de la convention des Nations unies relative à la lutte contre la corruption qu'a signée l'Algérie». C'est ce qu'a constaté le porte-parole de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (Aalcc), Djilali Hadjadj, invité hier à l'émission «En toute franchise» diffusée sur les ondes de la Chaîne III. La loi sur la corruption, adoptée en février dernier par les deux chambres parlementaires, ne répond pas entièrement aux engagements de la convention onusienne. Certes, le gouvernement a manifesté sa volonté politique à s'inscrire dans une démarche internationale de lutte contre ce fléau, mais il reste néanmoins, remarque-t-il, enfermé sur cette question. Il rappellera que la convention de l'ONU stipule que l'organe de lutte contre ce fléau soit entièrement autonome. Ce qui n'est pas le cas en Algérie. L'institution chargée de cette mission, indique-t-il, manque justement d'indépendance puisque celle-ci est sous l'égide du chef de l'Etat. Aussi, la lutte contre ce phénomène impose l'implication de toutes les parties telles que la société civile et les entreprises privées. Il considère que c'est une erreur fondamentale de ne pas impliquer les partenaires sociaux dans cette démarche. «Le gouvernement doit ouvrir le champ et permettre aux différents partenaires de contribuer à cette démarche pour la rendre plus efficace», indique M.Hadjadj. Il évoquera, également, un autre élément portant sur l'absence de loi protégeant les dénonciateurs. «La protection des dénonciateurs n'existe pas dans la loi», regrette-t-il en affirmant que beaucoup de cadres veulent dénoncer les malversations qui se trament au niveau de leur entreprise. «Le dénonciateur subit souvent des menaces de la part de ses supérieurs», reconnaît-il en citant le cas de l'entreprise aéronautique Enna. Il recommande la création d'un organisme auquel peuvent faire recours les dénonciateurs en cas d'éventuelle menace. Le porte-parole de Transparency Algérie souhaite la modification du cadre réglementaire portant sur la lutte contre la corruption. Ce dernier n'a pas omis de rappeler que la loi en question contient des articles importants en matière de prévention et de sensibilisation. Revenant sur le degré de la corruption en Algérie, M.Hadjadj a qualifié la situation de préoccupante. Il suggère de revoir à la loupe les opérations de passation des marchés qui font de plus en plus objet de corruption. Même si la corruption a atteint des proportions alarmantes en Algérie, l'invité de la Chaîne III rassure que ce phénomène n'est pas seulement propre à notre pays. Preuve en est, les pays démocratiques comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France ne sont pas épargnés. M.Hadjadj est revenu sur le scandale dont fait l'objet actuellement la société allemande Siemens. Il suggère justement l'ouverture d'une enquête sur le dossier Siemens Algérie.