Le feuilleton Bcia s'est poursuivi, hier, au tribunal criminel d'Oran avec à l'affiche, la convocation des témoins clés dans les rouages financiers. Certains de ces derniers, et à l'instar de la journée de dimanche, se sont illustrés par leur absence. Ce qui a fait sortir le procureur général de ses gonds pour déclarer que des ordres seront donnés pour amener les témoins absents. Sachant que le 13 avril 2003 a été le prélude de l'éclatement de l'affaire opposant la BEA à la Bcia, cette date est symbole d'une arnaque à grande échelle pour la partie civile. Comme elle constitue un départ incontournable des débats et des interrogations du président du tribunal criminel, Achaâchi Abdelouahab, et le procureur général. Pour reconstituer les faits, le 13 avril revient comme un leitmotiv pour la défense qui tente, pour sa part, de disculper les mis en cause à chacune des occasions qui se présentent. En effet, la douzième journée du procès Bcia a été marquée par des témoignages révélateurs, notamment aux raisons liées au rejet de la Bcia des traites de cinq milliards de dinars, arrivées à échéance. Ces traites devaient, selon les engagements de la Bcia, être réglées le 30 avril 2003. Alors qu'elle était redevable, son compte était débiteur. Au 8 juin de la même année, il ne contenait que 770DA. Il lui appartenait d'intervenir à la banque de compensation, le 13 avril 2003, avec des chèques du montant en question avant la fermeture de la chambre de compensation à 14h. Sauf que cette banque, et par le biais de son agent de compensation, Harchaya El Houari, interrogé comme témoin qui s'est présenté le même jour à la Banque d'Algérie avec en main une ordonnance de rejet que lui a remise en main propre le directeur régional de la Bcia, Kharoubi Mohamed Ali. La chambre de compensation, domiciliée au sein de la direction régionale de la Banque d'Algérie, fonctionne sur la base d'un certain nombre de critères. C'est un point de rencontres des représentants des banques qui s'échangent au premier jour les documents, notamment liés aux traites, s'est contenté de dire son directeur, Lekhlifi Youcef, entendu lui aussi comme témoin. Le deuxième jour, les intervenants procèdent ensuite aux paiements des effets. La Banque d'Algérie joue le rôle de régulateur qui se limite aux transferts des montants des transactions de banque à banque, organisation de ces dernières et définition des avoirs de chacune. Quant au rejet des traites annoncé par la Bcia, il doit être assumé par cette dernière, a réitéré le témoin. Pour le directeur régional de la Banque d'Algérie, le compte de la Bcia n'était pas débiteur le 13 mai, en réponse à la question du juge sur les mesures à prendre quand il y a de tels conflits. C'est à partir du 26 mai 2003, que la Bcia a cessé de prendre part aux réunions de la chambre de compensation. La BEA a, de son côté, demandé le gel des avoirs de cette banque par le biais d'un huissier de justice, durant la même période. La Banque d'Algérie a alors bloqué 10 millions de dinars. L'incident de paiement à la compensation doit être signalé à la centrale des impayés qui peut ôter les chéquiers des concernés. La levée de la crédibilité d'une quelconque banque impliquée dans une quelconque affaire revient au conseil de crédibilité et n'est pas du ressort de la direction régionale, a précisé le témoin. «Au niveau local, on intervient partiellement par l'établissement des bilans et statistiques, qui seront expédiés, par la suite, à la centrale.» Quant aux cas de Fouatih Ahmed Belkacem, Addou Samir et Oualla Abderezzak, il appartient à leurs banques d'informer la Banque d'Algérie sur les chèques qu'ils s'échangeaient. L'autre témoin appelé, Belkheniche Kaddour, qui est chef de service au sein de la Banque d'Algérie, apportera une autre version en réponse à la question du procureur général. Le motif ayant empêché la Bcia d'accéder à la chambre de compensation n'est pas dû à son rejet des traites présentées par la BEA, mais plutôt à cause de son compte qui était débiteur. Les mesures prises dans de tels cas par la Banque d'Algérie sont: en fin des opérations, de dresser un état des lieux et des statistiques pour les adresser à la centrale hiérarchique. C'est à ce niveau que les décisions sont prises, a ajouté Belkheniche. Celui-la fera remarquer, dans ce chapitre, que si la banque ne peut pas couvrir les valeurs présentées, il est sur place demandé de la centrale la suspension de la banque en question.