Accompagnée d'un arsenal d'arguments, la défense du groupe Fouatih signe sa plaidoirie avec une rare véhémence. D'emblée, la défense lancera une panoplie d'interrogations qui, selon elle, n'ont pas été soulevées jusqu'à présent, ou ont échappé à la fois aux enquêteurs, au président du tribunal, au procureur, à la partie civile, à l'expert ou encore aux autres parties devant élucider le phénomène Bcia. La défense de l'accusé n'a pas fait dans le détail dans son plaidoyer d'hier en déclarant que le procès Bcia donne l'impression d'être régi, dès le départ, par une feuille de route. Feuille de route qui, selon la défense, définit le rôle de chacun. Cette interrogation a renvoyé Me Abdelabar à dire qu'il n'est en aucun cas concevable de laisser passer inaperçue cette affaire, ni faire la sourdine au vu de la dangerosité de la problématique posée. Le fait que Fouatih soit poursuivi pour complicité dans la dilapidation des deniers publics et passible de 10 ans de réclusion criminelle, l'absence des principaux accusés est pesant dans le procès, ajoute la défense. Surtout que ce procès est axé, essentiellement et exclusivement, sur les activités de l'escompte. L'accusé contre lequel on a prononcé, à tort, tant d'énormités et qu'on a humilié dès l'éclatement de l'affaire en 2003, n'a pas lésiné un seul instant pour manifester sa volonté d'honorer le dû de la BEA. Même la Bcia a démontré, plus d'une fois, que ce même accusé était prêt à honorer ses obligations. Comme il a été démontré par l'expert, Djaâfri Mokhtar, lors de la lecture de son rapport ainsi que Louab, qui est cadre à la direction régionale de cette institution financière. Ce dernier, à son tour, a confirmé que les Fouatih ne se sont nullement opposés à cette perspective aux négociations ayant regroupé les cadres Bcia, BEA, où ce dernier s'est prononcé par l'affirmative quant au règlement de ces transactions. Cette perspective a été rejetée par les responsables de la Banque extérieure à qui revient alors une part de responsabilités dans la dilapidation, dans le préjudice causé par la dilapidation des deniers publics, a décrié Me Abdelabar. Ce sont autant de questions qui ont taraudé les esprits de la défense qui est passée ensuite à la vitesse supérieure, quand Me Abdelabar tenta de faire lecture d'une lettre signée de la main de Fouatih et expédiée au mois de novembre 2003 au procureur général de la cour d'Oran, lui demandant de prendre connaissance de sa version des faits. C'est alors que le président du tribunal criminel d'Oran décida de la levée de la séance. Pour revenir au procès, le même avocat s'attaquera de front à l'expertise qu'il juge comme étant aveugle et arbitraire. Selon le même avocat, l'expert a voilé la faiblesse technique de son rapport en dressant des accusations contre les prévenus. «c'est un cadeau empoisonné qu'on vous donne», dira Me Abdelabar qui a argumenté en di-sant que le rapport incomplet est dépourvu d'un état détaillé des transactions émises entre la Bcia et la BEA depuis l'éclatement de l'affaire jusqu'au retrait de l'agrément de la banque en question. Rapport qui ne doit en aucun cas être une référence aux délibérations. A ce niveau, la défense s'interroge: «Qu'est-ce qu'on n'a pas voulu voir des transactions émises pendant toute cette période? et pourquoi a-t-on attendu quatre mois après l'éclatement de l'affaire pour ôter l'agrément à la Bcia?» Continuant sa plaidoirie, Me Abdelabar revient encore une fois à la charge de la BEA et de sa hiérarchie. Il dira que la banque devait engranger des gains d'un montant de 400 milliards de centimes, du taux de l'intérêt prélevé à hauteur de 10% sur le montant de 4000 milliards de centimes de transactions commerciales émises à base de traites. Lui emboîtant le pas, son confrère Benabdessadok, qui a rendu hommage à la presse, s'interrogera quant à la qualification de l'affaire Bcia de dangereuse comparativement à celle de Khalifa, alors que le seul et unique point commun qui lie les deux affaires est que leurs responsables respectifs sont en fuite.