Celui-ci a été suspendu du conseil d'administration, en 2000, pour une année. C'était en fin connaisseur des rouages financiers que s'est présenté, hier, à la barre l'ex-directeur général de la Bcia, Ahmed Bengadi. Celui-ci a, d'emblée, récusé deux avocats de sa défense en l'occurrence Maîtres Kharoubi Abderrahim et Ben Aïcha pour mandater Maître Ikken. Cette décision annoncée fraîchement par l'accusé a soulevé le courroux de Maître Kharoubi, qui est à la fois frère et avocat de l'accusé principal, à savoir le président-directeur général de la Bcia, Ahmed Kharoubi, en fuite actuellement. Mettant ouvertement à l'index quelques avocats d'Oran d'être derrière la décision prise par Bengadi, l'avocat récusé a menacé de déposer plainte samedi. Le bâtonnat d'Oran intervient et demande des excuses. Un brouhaha confus s'en suit et oblige le président du tribunal criminel à suspendre la séance avant de la reprendre 20 minutes plus tard après que Maître Kharoubi ait formulé au tribunal ses excuses. Pour revenir à l'audition de l'ex-directeur général de la Bcia, ce dernier entre dans le vif comme un fin chevronné des procédures financières, notamment les banques. S'exprimant sur l'arrêt de renvoi qui l'accable, le mis en cause se défend ongles et bec et charge sans relâche le président-directeur général de la Bcia, Ahmed Kharoubi et son fils Mohamed-Ali, contre lesquels il dira «qu'on lui a ordonné de signer le 3 juin 2003 le rejet d'une trentaine d'autorisations anonymes de crédit». «C'était prémédité» commenta Bengadi. «Le but recherché était à la fois de m'impliquer dans l'affaire et d' innocenter Mohamed-Ali Kharoubii», souligne-t-il. Ce rejet a été le prélude de l'éclatement de l'affaire lorsque la Bcia a présenté à la banque de compensation des traites à échéance le 30 avril 2003. «J'ai signé le rejet sur ordre indiscutable du président-directeur général même si j'étais directeur général de la banque», a, encore une fois, tiré à boulets rouges l'accusé sur son patron. Le juge demande à l'inculpé de s'expliquer sur les motifs du rejet. Et l'accusé d'affirmer que des commerçants qui n'avaient pas encore reçu leur marchandise, avaient formulé des oppositions. Chose qu'il juge d'ailleurs normale. «Pendant deux mois, je vivais l'apocalypse à la Bcia, les gens venaient demander leur argent alors que la banque gagnait des bénéfices allant jusqu'à 3 milliards de DA par année». A la question relative aux garanties devant servir comme assurances de crédits, le mis en cause dira qu'avant de mettre en place les crédits, il faudrait d'abord s'assurer qu'il y a des garanties palpables. A l'exception des commerçants d'Alger, de Béjaïa et de Tizi Ouzou, on n'en remarque pas grand-chose. Plus de 800 demandes ont été adressées à la direction d'Alger et 450 autres à l'agence d'Oran. L'octroi des crédits et des prérogatives du comité spécialisé au niveau de la direction générale, dans lequel le mis en cause est membre est présidé par Kharoubi Badredine. L'agence régionale d'Oran exerce, également, cette pratique, vu que son directeur (Kharoubi Mohamed-Ali) est aussi patron et vice-président-directeur général de la Bcia. Exception faite de la Sotramo et du défunt Kouninef qui ont déposé d'énormes sommes, la Bcia n'excellait que dans l'aval des traites. Quant aux inspections émanant de la Banque d'Algérie, l'inculpé signale que son patron a été suspendu pour une année du conseil d'administration en 2000, pour 33 griefs, assortis d'une amende de 5 millions de DA.