Dans l'entretien qui suit, M.Chihab Seddik, membre du bureau politique du RND, revient sur les chances de son parti aux législatives du mois de mai. La formation d'Ahmed Ouyahia s'affirme comme étant porteuse d'un message d'espoir au peuple algérien. L'Expression: Trois mois nous séparent des élections législatives; quel bilan fait votre parti, élu cinq ans auparavant comme la deuxième force politique du pays, du rendement de vos élus dans les deux chambres parlementaires? Chihab Seddik: Le RND n'attend pas les rendez-vous électoraux pour évaluer le travail de ses élus. Nous, nous procédons à une remise en cause régulière de nos activités, à l'occasion des différentes réunions du bureau politique. Sans exagérer, je peux affirmer que nous sommes satisfaits, dans l'ensemble, du travail fourni par nos élus. Vous avez certainement constaté qu'au RND, nous ne sommes pas de ceux qui entretiennent les tabous, ni la méfiance. Nous développons un message porteur d'espoir et de solidarité. Le RND a vu le jour au coeur du combat du peuple contre le terrorisme, et sans ambages, nous avons plaidé pour une Algérie républicaine, démocratique et moderne. Le volet sécuritaire imposé par la conjoncture a été omniprésent dans le discours du RND, depuis sa création en 1997. La situation s'est beaucoup améliorée depuis. Quels sont, selon vous, les véritables défis auxquels doivent se consacrer les politiques? Après une décennie sanglante, je pense qu'il serait impératif de redonner espoir au peuple. Cela ne peut se produire si on ne lui garantissait pas un environnement socioéconomique adéquat, à travers l'amélioration du pouvoir d'achat, la résorption du chômage, la promotion des investissements. Nul ne doute que c'est l'économie qui détermine la politique en Algérie et ailleurs. Le peuple a beaucoup souffert des discours politiques basés exclusivement sur les promesses électoralistes non tenues. Il a besoin d'entendre des solutions pratiques à ses problèmes. Il peut trouver cela dans la ligne politique du RND Vous placez-vous donc comme une alternative à l'idéologie prédominante dans l'échiquier politique...? Absolument, le RND représente une véritable alternative politique, inspirée des fondements essentiels de la nation, mais avec un discours moderniste qui s'alimente des évolutions que connaît la société. Quel profil votre parti exige-t-il des candidats potentiels aux législatives du mois de mai? Nous exigeons un CV classique avec, de prime abord, une compétence prouvée permettant aux élus de débattre les projets de lois soumis au Parlement, et si besoin est, apporter les amendements nécessaires et proposer des textes. La crédibilité et l'intégrité sont deux qualités incontournables au sujet desquelles, la direction du parti ne fera aucune concession. Nous avons tellement besoin de promouvoir l'image de l'élu, ternie par des comportements irresponsables de certains d'entre eux. Enfin, le RND mise sur des personnes populaires, connues et aimées par leur entourage dans les quartier douars et villages. Au mois de mars s'ouvre la session d'automne du Parlement, la dernière de cette législature. Comment évaluez-vous sa mission? Sans tomber dans l'autosatisfaction, j'estime que le Parlement a rempli son contrat de manière honorable. Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes dans la 2e législature pluraliste. L'expérience est donc très récente. Cela ne nous a pas empêchés de faire face, avec beaucoup de sens de responsabilité, aux différentes questions imposées par les conjonctures qu'a connues le pays. Jamais pendant ces cinq dernières années, le Parlement n'a constitué un frein, contre l'exécutif. Ce qui n'est pas une tare pour nous. Nous ne sommes pas pour autant une chambre d'enregistrement. Beaucoup d'amendements ont été introduits aux textes proposés par l'Exécutif en plénière ou dans les commissions. Par ailleurs, le pouvoir législatif a accompagné, sans réserve aucune, les réformes engagées. Reste que les parlementaires souhaitent que les projets de loi soient appliqués d'une manière juste et équitable. Maintenant, il est vrai que beaucoup de choses restent à faire dans l'avenir. Le Parlement se plaint de son incapacité, parfois, d'assumer sa mission de contrôle sur l'Exécutif. L'on ne peut reprocher aussi, à juste titre d'ailleurs, le manque d'initiative. Mais je tiens à souligner, que les parlementaires sont révoltés contre ces clichés, sciemment entretenus, sur les élus qu'on dit désintéressés des préoccupations de la population. Une image qu'il faut absolument corriger. La naissance d'une alliance parlementaire entre le FLN, le RND et le MSP a verrouillé le jeu politique. Partagez-vous cette lecture? Je pense, par contre, que cette alliance a le mérite de préserver la stabilité politique des institutions, à travers l'appui aux réformes, l'adoption des projets de loi. Le Parlement n'a cessé d' être un espace de débat contradictoire. Chacun des partis a préservé son autonomie et sa ligne politique. Les partis dits de «l'opposition» ont joué pleinement leur rôle. En somme, les débats étaient très fructueux. Une mouture portant destitution du gouvernement d'Ouyahia, et néanmoins secrétaire général du RND, a circulé en mais 2006 à l'APN. Près d'une année après comment jugez-vous cette démarche? Ouyahia a prouvé ses compétences et sa place dans l'échiquier politique, qu'il soit à l'intérieur ou à l'extérieur du gouvernement. Pour cette raison, je ne peux que voir d'un oeil critique cette initiative.