La journée de dimanche a été, également, caractérisée par l'audition de Mme Hamiani Amina. La 33e journée du procès de l'affaire Khalifa a été caractérisée, notamment, par l'audition de deux commissaires aux comptes qui avaient travaillé au sein de Khalifa Bank, tous deux accusés de non dénonciation et de fausses déclarations pour ne pas avoir agi selon la loi et dénoncé à temps les irrégularités constatées dans la gestion et la comptabilité. Le premier commissaire a être entendu était Mimi Lakhdar, recruté par Abdelmoumen Khalifa en personne, en 1998. Questionné sur ses missions à la banque d'El Khalifa, il dira qu'il était censé, tout d'abord, informer et aviser, à travers des rapports et des correspondances, la première tutelle des banques, à savoir la Banque d'Algérie, sur les anomalies constatées. «Quel a été votre premier constat alors?», s'exclama la juge. M.Mimi Lakhdar avouera qu'il y avait une insuffisance sur le plan de l'organisation, ainsi que des dysfonctionnements graves, comme les erreurs comptables, les écritures en suspens et les comptes d'ordre non justifiés pour une somme de 3 milliards de dinars. La même personne ajoute que même le comité de crédit de la banque n'a pas fonctionné comme il se doit, puisque rien qu'en 1999, 160 milliards de centimes ont été retirés de la banque sans aucun justificatif, et ce, en dehors des sommes en devises. Prenant la parole, le procureur général a aussi relevé une autre anomalie, celle relative à l'assemblée générale approuvant le bilan de l'année 1998 et qui a eu lieu, finalement, au mois de décembre 2000. «D'après le règlement, le déroulement d'une assemblée générale relative au bilan peut se faire six mois après l'année de l'exercice, soit au plus tard au mois de juin 1999 pour le bilan de l'année 1998. Toutefois, cela a eu lieu 18 mois après. Qu'avez-vous à nous dire sur cela?» Le témoin répondra que cela le dépassait et qu'il n'était pas responsable de ce retard. Le procureur général enchaîna: «Saviez-vous que le capital de Khalifa Airways venait de Khalifa Bank?» L'accusé dit: «Non.» Le procureur demanda: «Lors d'une réunion en 2000, l'association des banques et des établissements financiers du pays a convenu de faire baisser leur taux d'intérêt, et votre taux était resté élevé. Pourquoi?» La réponse est: «Je ne sais pas.» Le deuxième commissaire aux comptes de la banque d'El Khalifa, appelé à la barre, est Skhara Hamid. Pratiquement mêmes questions et mêmes réponses. Concernant les problèmes qui sévissaient à la Khalifa Bank, il renvoya la balle au gouverneur qui n'avait pas bougé d'un iota. Il dira, toutefois, qu'il y avait, à une certaine période, un dépassement au niveau de la défunte banque privée, dont le montant était de 400 millions de dinars. En informant la Banque d'Algérie, une commission avait été dépêchée, mais qui n'avait pas donné le bon montant. «Je suis très sûr du montant que j'avais avancé», dira-t-il à la présidente du tribunal. Par ailleurs, la journée de dimanche a été également caractérisée par l'audition de Mme Hamiani Amina comme témoin. Cette dernière a été désignée par Abdelmoumen Khalifa pour s'occuper de l'image de son groupe, lors de l'année de l'Algérie en France. Elle a été chargée, notamment, de contacter nos artistes pour qu'ils se produisent en France sous la coupe du groupe Khalifa. «Abdelmoumen était un ami à mon mari, et il a mis à ma disposition un bureau au niveau d'une villa à El Biar, à partir de 1999, pour m'occuper de cela, et ce, avec des honoraires de 500 millions de centimes», a-t-elle dit. Cette somme a vite fait réagir la juge: «C'est énorme, non?» Le témoin dira qu'elle gagnait autant lorsqu'elle était directrice d'une compagnie d'assurances. Le témoin avouera aussi qu'elle avait pris ses honoraires de l'agence de Chéraga à travers des bouts de papier et de main en main. Elle reconnaît aussi avoir bénéficié d'une voiture de service de marque Toyota, d'une carte de gratuité et qu'elle avait touché 1500 euros pour les besoins de ses déplacements en France.