Un Jet privé acheté à 10 millions de dollars a été revendu sans que cet argent ne soit récupéré. La 36e journée du procès de l'affaire Khalifa a coïncidé avec la troisième journée des plaidoiries de la partie civile qui s'en est surtout pris à la Banque d'Algérie, principalement visée car accusée après les responsables de Khalifa Bank, de tous les maux pour avoir laissé ces derniers agir à leur guise et en terrain conquis. Prenant la parole pendant plus de trois heures, Me Meziane plaidant pour le compte de Khalifa Bank, en liquidation, qui s'est constituée partie civile a eu droit, lors de sa défense à une écoute attentive au milieu d'un silence religieux dans le tribunal. Peut-être grâce à sa manière de présenter les choses et surtout à l'étonnement de certaines personnes sur le fait que la défunte banque s'est constituée partie civile: «Khalifa Bank en liquidation ne représente pas Abdelmoumen Khalifa, mais une personne morale...». D'emblée, il rendra tout d'abord un hommage au tribunal criminel de la cour de Blida lequel «a fait preuve d'une maîtrise de dossier tout en assurant un déroulement serein des débats» reconnaîtra-t-il. M.Meziane s'est montré, toutefois, étonné sur le fait que certains de ses confrères aient contesté le fait que Khalifa Bank se constitue en partie civile. Dans ce sens, et face à un regard attentif et un air concentré de Mme Brahimi, présidente du tribunal, il dira qu'il n'y a aucun inconvénient pour qu'elle se constitue partie civile dans la mesure où la Banque d'Algérie a retiré son agrément en la mettant en liquidation et ce, en vertu des articles 156 et 157 de la loi sur le crédit et la monnaie. «Khalifa Bank a été elle-même victime des agissements de Abdelmoumen et de ses associés qui demeurent en fuite. Aujourd'hui, nous défendons la banque en tant que personne morale. Toutefois, nous nous trouvons face à une situation inédite qui exige du tribunal de faire preuve de jurisprudence pour trancher sur un certain nombre d'éléments». Abordant le volet de la liquidation, l'avocat dira que les principaux soucis de cette opération étaient de répondre aux attentes de créanciers et de dire comment leur restituer leur dû. Il rappellera que M.Badsi, liquidateur de la banque s'était présenté au juge d'instruction du tribunal de Chéraga le 19 janvier 2004 en tant que partie civile et ce, en vertu de l'article 74 du code de procédure pénale. «Et pourtant, à l'époque personne n'avait contesté cela», insista-t-il tout en faisant allusion à ceux qui sont contre le fait que la personne morale de Khalifa Bank se constitue en partie civile. Evoquant la situation de la défunte banque privée au moment de la liquidation, Me Meziane dira que cette institution financière était caractérisée par l'anarchie, à commencer par les faux bons de caisse. Il dira que dans le but de minimiser cette anarchie, le liquidateur a donné ordre aux chefs d'agences de détruire les imprimés vierges. Il précise que contrairement à ce qui a été rapporté par certains journaux, ce ne sont pas les documents importants qui ont été brûlés et ce, tout en faisant des éloges à M.Badsi. «Il est commissaire aux comptes le plus compétent du pays» insista-t-il. Il accusa Khalifa Abdelmoumen d'avoir recours à tous les subterfuges et astuces pour assouvir ses désirs en recourant aux cadeaux, aux présents, aux pratiques de corruption par les cartes de voyage, de séjour et de banque. Me Meziane révélera, par la suite, en lâchant le gros morceau devant l'assistance un peu surprise, qu'un Jet privé acheté à 10 millions de dollars a été revendu par Khalifa Abdelmoumen et que cette somme n'a pas été récupérée à ce jour. Il annonça que 13 autres petits avions affrétés en leasing ont, également, disparu de la circulation en indiquant que derrière ces agissements, il y a le Franco-Libanais Raghed Chamaâ, l'homme providence de Khalifa Abdelmoumen,qui a bradé le patrimoine de Khalifa Airways à 55 millions d'euros sans que cette somme ne puisse être récupérée. Les autorités algérienne ont été informées par le FBI. A noter enfin que les séances de plaidoirie ont pris fin, hier après-midi. Le procès reprendra samedi avec le réquisitoire du procureur général.