Les accusés sont poursuivis pour dilapidation de deniers publics et abus de confiance. Les agences de Medioni (Oran) et de Sig (Mascara) étaient, selon le procureur du tribunal criminel d'Oran, de véritables tirelires des commerçants soucieux d'élargir leurs commerces. Sous la bénédiction des responsables de ces deux agences, ces dernières sont transformées en propriété privée des Addou Samir, Fouatih, Oualla Abderezzak, Selmane Abderrahmane et tant d'autres accusés. C'est un véritable réseau aux tentacules soigneusement tissées qui s'est constitué autour de l'affaire Bcia, a déclaré le procureur du tribunal criminel d'Oran à l'entame de son réquisitoire hier matin. Il annoncera par la suite que les délits cités dans l'arrêt de renvoi sont: dilapidation des deniers publics, participation à la dilapidation des deniers publics et abus de confiance. Les mis en cause devront être jugés conformément aux articles 29 et 42 de la loi amendée n°01/06 portant sur la corruption et la lutte contre la corruption. Les délits de dilapidation et complicité dans la dilapidation des deniers publics concernent, entre autres, les accusés Adda Larbi (ex-directeur de l'agence BEA de Medioni), Lotfi Mohamed et Ben Yettou Nacer (fonctionnaires à l'agence de Sig), Fouatih Ahmed Belkacem, Addou Samir, Selmane Abderrahmane et Oualla Abderrezak (commerçants) et abus de confiance contre Derrar Djallal. Accusés que le procureur désignait comme étant les architectes de l'affaire. Il a, durant son réquisitoire, démontré qu'il y avait bien eu une volonté délibérée de «pomper des sommes faramineuses de la BEA». «Sommes qui s'en vont tout droit au profit des mis en cause, Bcia, Addou, Fouatih et autres accusés qui recevaient des sommes dérisoires pour services rendus». Il situera la responsabilité de tout un chacun dans cette affaire en se référant aux modes de transaction irréguliers, émaillés de procédures illégales. Ensuite, le procureur est remonté rétrospectivement à l'année 2000. A cette date, les Kharoubi ont tenté leur premier coup avec le CPA. C'est-à-dire deux ans après l'agrément de la Bcia. Kharoubi Ahmed, qui était président-directeur général, a été suspendu pour une année. Motif évoqué: la Bcia s'est opposée au paiement des bons de caisse qu'il a garantis une année auparavant. Toutes ces pratiques nouvelles viennent à dessein lesquels sont clairement affichés et qui ne pouvaient être autre que l'exténuation de la BEA au vu de sa vulnérabilité et la complicité de ses responsables. «Cette affaire n'est pas un fait du hasard», a déclaré le procureur qui a fait une relativité dans l'affaire Bcia et le coup avorté par le CPA. Sauf qu'à l'agence de Medioni, ce n'était pas aussi rude qu'au CPA. D'autant plus que son directeur était de la partie. Lorsque le mécanisme s'est mis en place, il ne restait qu'à faire appel à d'autres concurrents. Il s'agit «des boucs émissaires qui se désignaient comme victimes, alors qu'en vérité, leur rôle était déterminant». Le réseau tentaculaire s'est alors étendu à l'agence de Sig. Des milliards de dinars ont été soustraits à base de traites avalisées et chèques frauduleusement certifiés sous le fallacieux argument de transactions commerciales. L'aval de traites se faisait de manière timide. A l'avènement du directeur de l'agence de Medioni, cette pratique s'est généralisée. Au jour du rejet d'honorer les 41 traites (4,1 milliards de dinars), le compte de la Bcia ne contenait que 505 millions de dinars. Avec quoi cette banque pourrait-elle faire face avec un tel montant? s'est interrogé le procureur. Ensuite, a-t-on entendu un jour qu'une banque garante de transactions s'oppose à honorer ses créances? C'est pour cette raison que la Bcia a été exclue de la banque de compensation. Les traites de juin et juillet se sont alors accumulées pour atteindre un montant de 10 milliards de dinars. Cette situation ne pouvait prendre une telle ampleur, n'était la complicité des responsables des deux agences. Dans un chapitre bien nommé, pour le représentant du parquet, la responsabilité du directeur de l'agence de Medioni, Larbi Adda est pesante au vu de sa longue expérience. Malgré les mises en garde émanant des directions régionale et générale, ce dernier persistait dans sa logique. Toutes ces pratiques ont été exercées alors que la hiérarchie (directions régionale et générale de la Banque extérieure) ne recevait que des rapports déroutants.