Au moment où les Etats-Unis renforcent leur présence militaire en Irak, leur principal allié, le Royaume-Uni, annonce un début de retrait. Le Premier ministre britannique qui s'est adressé, hier, aux députés aux Communes, avait eu, la veille, des entretiens téléphoniques avec le président George W.Bush lors desquels il informa son allié américain de la nouvelle politique irakienne de la Grande-Bretagne et, notamment, du prochain redéploiement des forces britanniques à Bassorah. Un porte-parole de la Maison-Blanche a indiqué, dans la nuit de mardi à mercredi, que M.Blair avait informé le président américain de son intention de commencer à retirer les soldats britanniques déployés en Irak, sans donner de précisions sur les modalités du retrait britannique. Dans le même contexte, le Danemark, autre pourvoyeur de troupes, a annoncé, hier, le retrait de ses soldats d'Irak au plus tard à la fin de cette année. Cette annonce de Copenhague vient après celles récentes de la Corée du Sud, important allié des Etats-Unis, et de la Pologne qui ont décidé de rappeler leurs contingents d'ici la fin de 2007. Ces trois pays, hors Etats-Unis et Grande-Bretagne, sont les plus grands fournisseurs de troupes avec la Georgie et la Roumanie, toujours présentes, et l'Espagne et l'Italie qui ont déjà retiré, l'an dernier, leurs contingents d'Irak. Dans sa communication devant les Communes, le Premier ministre britannique, Tony Blair, a annoncé la réduction des troupes britanniques stationnées à Bassorah, dans le sud de l'Irak, qui seront ramenées à 5500 hommes contre 7100 auparavant, mais y «maintiendra des forces en état de combattre» Ce retrait de 1600 soldats est rendu possible, selon M.Blair, par le transfert de plus en plus de responsabilités aux Irakiens, en particulier celles concernant la sécurité. «Le prochain chapitre à Bassorah sera écrit par les Irakiens eux-mêmes», a dit le Premier ministre dans une longue communication solennelle devant les députés aux Communes. Dans une déclaration faite peu auparavant devant la presse, le porte-parole du gouvernement britannique a indiqué «Nous en sommes au point où le prochain chapitre de la vie à Bassorah (sud de l'Irak) peut être écrit par les Irakiens eux-mêmes» qui annonçait le passage de M.Blair aux Communes lors de la séance des questions au Premier ministre des députés. Le porte-parole a précisé, par ailleurs: «La déclaration du Premier ministre indique clairement que cela est guidé par notre évaluation de la situation à Bassorah. Même après les changements qu'il va annoncer aujourd'hui (hier), nous continuerons à être en état de combattre pour soutenir les forces irakiennes.» Il a, toutefois, démenti comme «entièrement fausses» les informations selon lesquelles les troupes britanniques seraient retirées d'Irak d'ici la fin de 2008. «C'est une approche conditionnelle, ce qui signifie qu'alors que nous allons annoncer certaines étapes aujourd'hui, les prochaines étapes seront dépendantes des conditions sur le terrain», a expliqué le porte-parole de M.Blair. «L'approche est basée sur les conditions» sur le terrain, a-t-il souligné. «Nous allons rester là-bas (en Irak) aussi longtemps que l'on aura besoin de nous et que l'on voudra de nous. Nous espérons faire des progrès, nous espérons pouvoir poursuivre sur cette route, mais cela dépend des conditions sur le terrain et des souhaits du gouvernement irakien», a-t-il ajouté. Cette nouvelle approche du gouvernement Blair a, en tout état de cause, le soutien de l'opposition conservatrice qui a, favorablement, accueilli ce retrait par étape a indiqué son porte-parole William Hague «Nous continuons de penser qu'une réduction de nos forces en Irak dans le cours de l'année est la bonne chose à faire» a-t-il indiqué dans une déclaration à la BBC. Cette annonce du retrait de troupes britanniques peu avant le quatrième anniversaire de l'invasion de l'Irak par l'armée coalisée américano-britannique va en droite ligne avec les demandes de plus en plus pressantes de l'opinion publique britannique qui exige le rappel des troupes en Irak. Même si le bilan des morts britanniques (132 militaires ont été tués en mission en Irak) reste relatif par rapport aux lourdes pertes américaines, qui s'élèvent à plus de 3200 morts. Il n'en demeure pas moins que les «bavures» et les coûts (humains, financiers, matériels) de l'engagement britannique ont rendu très impopulaire Tony Blair appelé à céder prochainement son poste de Premier ministre. De son côté, le Danemark va retirer ses troupes d'ici à la fin de 2007 selon la presse danoise parue hier. Le Danemark déploie environ 460 soldats, pour la plupart à Bassorah sous le commandement britannique. Cette annonce devait se faire, hier, dans une conférence conjointe animée par le Premier ministre, Anders Fogh Rasmussen, et du ministre des Affaires étrangères, Per Stig Moeller. L'opposition saisissant au vol la nouvelle politique britannique de Tony Blair en Irak a appelé les dirigeants danois d'en faire de même en retirant les troupes danoises encore déployées dans le sud de l'Irak. Ces deux retraits annoncés, semblent, toutefois, coordonnés dans la mesure où les dirigeants danois ont eu, dans la journée d'hier, des entretiens téléphoniques avec leurs homologues britanniques et, semble-t-il, américains.