La Cour pénale internationale compte lancer, incessamment, ses premiers mandats d'arrêt contre des responsables présumés de crimes au Darfour. Le conflit du Darfour entre, ce lundi, dans sa quatrième année sans que l'on en voit une issue prochaine. Commencée avec deux groupes rivaux, la guerre au Darfour est menée, aujourd'hui par une douzaine de mouvements issus de la fragmentation successive des deux organisations originelles qui se sont rebellées contre le pouvoir central de Khartoum. D'un autre côté, selon des sources proches de la CPI à La Haye, le procureur de la Cour pénale internationale s'apprêterait à délivrer des mandats d'arrêt contre des responsables présumés de crimes contre l'humanité commis au Darfour. De fait, selon les ONG internationales, la guerre au Darfour fait peser de plus en plus les risques d'un désastre humanitaire. Selon les statistiques de l'ONU et des organisations internationales, le coût humain de ce conflit est énorme avec déjà quelque 200.000 morts en quatre ans et plus de 2 millions de déplacés, alors que la guerre a débordé, à la fin de 2006, vers les pays limitrophes du Tchad et de la Centrafrique faisant craindre une déstabilisation de toute la région centrale de l'Afrique. Pour l'émissaire de l'ONU, Jan Eliasson, qui tente avec le représentant de l'Union africaine, Salim Ahmed Salim, de relancer le processus de paix au Darfour «la guerre a trop duré». Certes, mais les différentes tentatives de l'ONU et de l'Union africaine se sont heurtées aux fins de non-recevoir de Khartoum quant à la mise en place d'une force de l'ONU dans la province soudanaise et font face à l'émiettement des factions et mouvements qui opèrent au Darfour, rendant problématique l'émergence d'un interlocuteur unique et crédible de la (ou des) rébellion(s). Les concertations entre l'ONU et l'UA se sont cependant poursuivies ces derniers mois, notamment lors de la rencontre qui eut lieu le 16 novembre à Addis-Abeba en vue de redynamiser un processus de règlement quelque peu essoufflé alors que les combats continuaient au Darfour avec tout ce que cela implique comme souffrances pour une population contrainte de fuir ses villages face à l'avancée de la guerre. Le problème reste de convaincre Khartoum de coopérer avec l'ONU quand le président Omar Hassan Al-Béchir refuse tout envoi d'une force internationale au Darfour s'en tenant à l'accord avec l'Union africaine. Le président Al-Béchir a, d'ailleurs, réitéré, lors du sommet France-Afrique à Cannes, que son pays reste attaché à l'accord conclu avec l'Union africaine selon lequel «aux termes de l'accord d'Abuja, il est clair que le maintien de la paix appartient aux troupes de l'Union africaine. Le rôle des Nations unies est le soutien logistique, financier et technique pour que l'Union africaine puisse vraiment faire son travail». En fait, Khartoum ne veut pas de nouvelles forces internationales sur son territoire (au Darfour) alors que quelque 18.000 Casques bleus opèrent au sud du Soudan après la signature, en 2005, d'un accord de paix avec la rébellion du Splm sudiste dirigé par John Garang, décédé peu après dans un accident d'avion. A cela s'ajoute le refus du Soudan de modifier les termes de l'accord, signé en mai 2006, avec un mouvement darfari que les autres factions veulent remettre sur la table des négociations. Cela d'autant plus que tant le Soudan, l'ONU que l'Union africaine ont du mal à avoir un interlocuteur représentatif de toutes les factions activant actuellement, au Darfour lorsque les scissions qui ont touché les deux premiers mouvements ont donné naissance à une douzaine de factions défendant chacune des positions aux antipodes des autres. D'ailleurs l'ONU et l'UA, qui mènent de concert les négociations, n'ont pas manqué à plusieurs reprises de souligner le besoin d'un interlocuteur unique et représentatif des rebelles. Sur un autre plan, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, a annoncé, jeudi, qu'il remettrait, le mardi 27 février, aux juges, son rapport sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis au Darfour, conformément à ce qu'il avait indiqué en décembre devant le Conseil de sécurité des Nations unies.