L'Algérie s'apprête donc, à l'occasion de la tenue, demain, des assises nationales sur la stratégie industrielle, à opérer une rupture définitive avec la conception industrielle héritée du fameux plan De Bernis. Une «révolution» qui, rappelons-le, avait généré des «pôles industriels» érigés au détriment de la première vocation du pays, à savoir l'agriculture. Les experts sont unanimes: la politique «usines clés en main» a été la plus grave erreur «stratégique» que les décideurs de l'époque auraient dû facilement éviter. D'ailleurs, trois décennies plus tard, des entreprises moribondes étaient mises sous perfusion, au point que même les différents plans d'assainissement ayant coûté à l'Etat plusieurs milliards de dollars, n'ont pu les réanimer. Conçue dans le cadre de la politique des plans quinquennaux, cette politique industrielle sera décriée quelques années plus tard par les économistes et autres experts, qui n'avaient pas été associés, sachant que les voies du dirigisme étaient impénétrables. C'est justement pour parer à cet esprit d'improvisation fort préjudiciable pour l'économie nationale que le ministère des Participations et de la Promotion des investissements (Mppi) réunira, demain, les patrons et la Centrale syndicale pour adopter de concert la nouvelle stratégie industrielle. Dans ce contexte, le patronat algérien compte bien faire entendre sa voix. La politique de stratégie industrielle, prônée par le ministre des Participations et de la Promotion des investissements (Mppi), reposant sur les investissements directs étrangers (IDE) comme facteur de décollage de l'économie algérienne, est largement contestée. Le patronat a regretté le fait de ne pas avoir été associé à l'élaboration de ce projet qui le concerne en premier lieu. Pour lever toutes les équivoques, le département de M.Temmar s'est voulu, d'emblée, on ne peut plus rassurant:le projet de stratégie et politique de relance et de développement industriels est confectionné «sans la moindre ingérence étrangère». Une réponse à ceux qui assimilent la politique de privatisation à un «bradage» pur et simple de l'économie nationale. De son côté, la Centrale syndicale adopte une vision «nationaliste» par rapport à ce dernier. C'est-à-dire que toute stratégie de redéploiement du tissu industriel doit émaner des Algériens eux-mêmes. Dans le même contexte, l'Ugta met au grand jour les faiblesses du secteur industriel, notamment l'absence d'investissements, le déficit financier et l'environnement administratif et financier complexe. C'est à ce niveau qu'intervient le manque d'investissements directs aussi bien nationaux qu'étrangers, sachant que les entreprises proposées à la privatisation ne trouvent pas preneurs, en raison de l'investissement colossal qu'elles demandent. Les patrons quant à eux sont formels: il faut donner une plus grande priorité aux nationaux dans la reprise des unités industrielles. A la lumière des réactions des uns et des autres, tous sont unanimes à considérer que toute stratégie industrielle doit prendre en ligne de compte les intérêts du pays et ceux des patrons et des travailleurs. Tout cela pour le principal objectif, celui de ne plus rééditer les faux pas du passé.