La conception d'une politique nationale sur la normalisation des noms géographiques algériens suivant les recommandations de l'ONU a été soulignée hier à Alger lors d'un séminaire national sur la. Les participants à ce séminaire de deux jours, organisé par le Conseil national de l'information géographique (Cnig) et le Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), ont plaidé pour la mise en place de structures permanentes de gestion des noms de lieux. Cela a été motivé, selon les experts, par l'absence d'une nomenclature nationale des toponymes, l'existence ou pratique officielle ou officieuse de deux ou plusieurs dénominations pour le même lieu, et l'absence d'une démarche nationale et raisonnée dans l'attribution des noms et de leur changement. Intervenant à l'ouverture de cette rencontre, le général Amar Amrani, président du Cnig, a souligné l'importance de normaliser les noms de lieux qui ont, selon lui, une double dimension technique et culturelle. Les Nations unies, a-t-il dit, ont recommandé, en 1967, à tous les pays de mettre en place des commissions permanentes chargées de normaliser les noms géographiques. Dans ce cadre, l'Algérie, dont la problématique se situe, notamment, dans la transposition des noms de lieux de l'arabe vers le français et du français vers l'arabe, a installé en 1996 une commission nationale de la toponymie qui oeuvre à la finalisation de la normalisation des noms de lieux, a indiqué l'intervenant. Ce séminaire a été organisé à la veille d'un colloque international sur la toponymie prévu en avril prochain à Tunis (Tunisie) et qui se penchera sur la normalisation de la toponymie dans le monde avec la participation de la Ligue arabe qui a adopté le système de translittération onusien en 1971 à Beyrouth, a-t-il précisé. De son côté, le lieutenant-colonel Brahim Atoui, secrétaire général du Cnig, a indiqué que la normalisation des noms géographiques vise à ce que chaque nom de lieu soit écrit de la même façon, donnant l'exemple de la dénomination du Hoggar, Haggar, Ahaggar, Ihaggaren. Cette confusion dans les noms n'est plus acceptable actuellement à l'ère de la mondialisation, a-t-il ajouté, précisant que différentes écritures d'une même toponymie ont été relevées sur des textes officiels à l'exemple de Badjarah et Bachdjarah. M.Atoui a noté que la loi actuelle ne prévoit pas des critères d'attribution des noms à des lieux ce qui a amené certains lieux à garder l'ancienne appellation datant de l'ère coloniale. Pour l'expert Farid Benramdane, la question de la normalisation de la dénomination toponymique n'a pas un intérêt uniquement scientifique, mais relève, selon lui, de la plus haute importance quand il s'agit de recensement de la population, de télécommunication, de sécurité régionale et internationale, de cartographie, de transport international et de tourisme. Actuellement, a-t-il dit, il est devenu plus que nécessaire la structuration et l'organisation des noms géographiques, qui constituent, selon lui, une carte d'identité patrimoniale et une mémoire collective pour toutes les nations. Le Cnig a publié, dans ce sens, trois ouvrages traitant de la nomination et dénomination des noms de lieux, de tribus et de personnes en Algérie, de l'état civil et l'anthropologie et de la toponymie en Algérie.