Apparemment, le Traité d'amitié entre l'Algérie et la France ne sera pas signé sous le règne de Jacques Chirac. C'est du moins avec ce constat que l'on ressort de la lecture des extraits du livre Mon combat pour le monde, du président français, publiés jeudi dernier dans le journal Le Monde. «Il faudra faire aboutir le projet de traité d'amitié avec l'Algérie», estime le président français dans son livre, sorti hier en France. Il a, toutefois, «récusé absolument» toute repentance pour les crimes commis par la France durant sa présence coloniale en Algérie, condition indiscutable posée par Alger pour reprendre les négociations avec Paris. «Les circonstances n'ont pas permis qu'il soit immédiatement conclu, malgré la qualité des relations avec le président Abdelaziz Bouteflika», regrette le chef de l'Etat français. Il estime que c'est en considérant la nature particulière de l'histoire commune entre les deux pays «qu'il conviendra de traiter de la question difficile, souvent douloureuse, de la mémoire des relations entre nos peuples». La nécessité d'un Traité d'amitié entre l'Algérie et la France a été mise en exergue par les deux présidents, Bouteflika et Chirac, lors de la visite effectuée par ce dernier en Algérie, en mars 2003. Depuis, le dossier n'avait de cesse de connaître des hauts et des bas. La repentance de la France, condition sine qua non exigée par l'Algérie, refusée catégoriquement par la France, n'a fait que freiner le projet. Pourtant, l'Hexagone n'a de cesse de demander la repentance de la Turquie pour les massacres perpétrés contre les Arméniens. Décidément, la France ne fait qu'appliquer l'ancien dicton «fais ce que je dis mais ne fais pas ce que je fais». En outre, la loi du 23 février 2005, glorifiant la colonisation, n'a été, en fait, que la goutte qui a fait déborder le vase. En dépit de la révision par le Parlement français de cette loi, notamment l'amendement de l'article 4, l'Algérie est tout de même restée intransigeante sur la question. Campant ainsi dans sa position, quelque peu inébranlable. «Cette notion (de repentance), je la récuse absolument, car nul ne peut être rendu comptable des actes commis par ses aïeux. Mais nous devons comprendre et reconnaître les erreurs passées, pour ne pas les répéter», concède le président français. Il faut rappeler, dans ce sens, que le président de l'Assemblée nationale française, M.Jean-Louis Debré a, lors de la visite effectuée en Algérie, en fin janvier dernier, avait tenté de relancer le projet. Son homologue algérien, M.Amar Saâdani, a même estimé alors que «la signature du Traité d'amitié entre l'Algérie et la France pourrait se faire avant la fin du mandat de Jacques Chirac». Néanmoins, avec les déclarations du président français, pour lequel il ne reste que quelques mois à l'Elysée, le Traité d'amitié entre l'Algérie et la France va traîner encore..