Quel est ton bilan? Qu'as-tu fait de ton mandat? Le corps électoral est de plus en plus exigeant. Quant à la société civile, elle entend s'impliquer dans cette élection. La base électorale gronde contre le personnel politique en place et souhaite le changement. Existe-t-il plus sévère sanction que celle qui consiste à récuser la présence sur les listes électorales des députés sortants ainsi que celle des ministres en exercice? Cela veut tout simplement dire que le bilan de leur action est peu reluisant. Elus ou membres de l'Exécutif n'ont pas fourni un effort méritoire qui soit digne d'être retenu par le corps électoral. Plus préoccupé par le règlement de leurs problèmes personnels et par ceux de l'entourage, députés sortants ne laisseront pas un souvenir indélébile. Scepticisme est le mot qui résume le mieux la situation. Les Algériens se méfient de la politique et font peu confiance au personnel politique en place. Les législatures se suivent et se ressemblent. Les députés ne font rien pour rester en contact permanent avec ceux qui les ont élus. Pas de permanence dans les circonscriptions électorales. Les questions orales à l'Assemblée nationale, adressées aux membres du gouvernement, soulèvent rarement les problèmes liés à la vie quotidienne des citoyens: logement, santé, éducation, cherté de la vie, distribution de l'eau potable et état des routes, situation de l'agriculture, problèmes de corruption, etc. Si les députés ne sont là que pour voter des lois impersonnelles ou discuter du sexe des anges, ils ne sont pas utiles à la société. Mises à part les fleurs que les présidents du Parlement et du Conseil de la nation se sont adressées à la clôture des sessions d'hiver, il n'y a eu aucun bilan. Il eût été au moins séant que l'opinion publique soit consultée, par le biais d'un sondage, pour connaître son avis là-dessus. Car la langue de bois n'a jamais été une référence; des présidents d'institution qui se jettent des fleurs, ce n'est pas nouveau, surtout dans les pays où dominent l'unicité de pensée et l'étouffement des libertés publiques; et par conséquent, ce n'est pas ce qu'on fait de mieux dans un système démocratique. Or, ne voilà-t-il pas que la société civile elle-même s'en mêle pour exiger un renouvellement de la classe politique. L'opinion publique souhaite un changement, non seulement pour une question d'esthétique, pour voir de nouvelles têtes, mais surtout parce que les anciens députés et ministres ont failli. On peut résumer la situation par cet avis d'un lecteur, qui nous a envoyé un mail: «D'un côté, les députés n'ont jamais rien fait en faveur de ceux qui les ont élus et n'ont pas rendu compte de ce qu'ils ont fait de leur mandat. D'un autre côté, il est inconcevable de continuer à nommer à des postes de responsabilité des ministres qui n'ont pas de mandat électif. Ce ne sont ni des ministres technocrates, élus sur la base de leur compétence ni des ministres qui ont une stature d'hommes d'Etat, comme le président l'avait déclaré au début de son premier mandat. On se demande toujours sur quelle base ils ont été nommés. Ils sont là, et puis c'est tout. Ce n'est pas suffisant comme explication». La rédaction de L'Expression a, entre autres reçu un communiqué de l'Association des enfants de chouhadas, qui soutient les listes présentées par le parti du FLN, mais en exigeant qu'elles soient expurgées des noms des anciens ministres et anciens parlementaires. Cette réaction du corps électoral est une réaction saine: c'est à seulement à ce prix qu'un scrutin peut avoir un sens. L'autre problème qui défraie la chronique est celui des «beggarine», ces arrivistes qui se sont enrichis trop rapidement et qui veulent blanchir leur argent en payant pour être tête de liste. Ce scandale touche pratiquement tous les partis politiques. La loi électorale est ainsi faite, que les électeurs ne votent pas pour un candidat de leur choix, mais pour une liste établie par les états-majors des partis. Ce qui fait que ce sont ces derniers qui désignent, en fait, les futurs élus. Le vote en lui-même n'est qu'une formalité. Or, aujourd'hui, cette donne est prise en compte aussi bien par la sociétés civile, comme ce groupe d'associations de Constantine qui ont envoyé une pétition au secrétaire général du FLN, que par les responsables des partis. Il en est ainsi de M.Belkhadem qui a souhaité ne pas voir figurer sur les listes, les anciens ministres ou de M.Ouyahia qui avait affirmé, il y a quelque temps, que les candidats seront choisis par la base, et par elle seule, et de M.Soltani qui a fait des déclarations allant dans le même sens. Il y a donc un consensus évident autour de cette question tendant à prouver que la coupe est pleine. Il existe une autre manière de faire de la politique, en se mettant au service exclusif des électeurs.