Le code de la famille, amendé en février 2005, continue d'alimenter les débats. Au forum d'El Moudjahid, des magistrats femmes ont abordé le sujet à travers une table ronde consacrée au droit et au statut de la femme au regard de la mise à niveau des textes fondamentaux. L'idée principale qui ressort de cette rencontre concerne l'application des nouveaux textes de loi. «Les textes existent mais l'administration ne les applique pas», a lancé la magistrate Sihem Bachiri du tribunal de Bir Mourad Raïs. Elle parlera, également, du manque de vulgarisation des nouvelles lois du code de la famille à l'égard des femmes. Beaucoup ignorent, selon elle, leurs droits et le nombre de celles qui se rapprochent des tribunaux pour réclamer leurs droits est très faible. Pourtant, a-t-elle relevé, elles sont près de 9000 femmes victimes de la violence à se présenter chaque année dans les hôpitaux. Les intervenants estiment que l'espace tribunal est presque un tabou pour les femmes. Certains législateurs veulent faire de ce délit un délit spécifique, selon Mme Bachiri qui souligne, toutefois, le raffermissement des lois appliquées dans ce sens et les peines qui sont devenues plus lourdes. Les experts reconnaissent, en revanche, que malgré les amendements apportés à ce code, ce dernier minimise toujours la femme. «Il reste beaucoup à faire, ce code est toujours insuffisant», a clamé maître Benbraham qui estime que le code de la famille doit être encore amélioré. Ces insuffisances, elle les énumérera en mettant l'accent sur le maintien de la polygamie et l'injustice à l'encontre des droits au logement pour femmes divorcées en proposant de revoir les articles 08 et 65 de ce code. Elle propose, également, l'élargissement des prérogatives des juges pour permettre aux femmes divorcées d'avoir le droit au logement social. Le code de la famille a été amendé, ce qui est une évolution, et non pas une révolution, concède-t-elle, et il doit être amélioré dans le sens de l'égalitarisme. Tous les textes de loi sont perfectibles, fait-elle observer. Le but à atteindre est l'égalité parfaite entre les hommes et les femmes dans tous les domaines, à l'exception de ce qui relève du texte divin, comme ce qui concerne le droit à l'héritage. Les participants considèrent que dans ce code, il y a d'autres droits à arracher. Car, pour eux ce qui a été fait dans ce texte est terriblement timide. Et malheureusement, notre pays enregistre encore des malaises dans les relations sociales.