Les députés européens sont, d'ores et déjà, accrochés à l'idée d'appliquer nécessairement le droit international. Inédit. Le Parlement européen a ouvert, hier, un débat sur la question sahraouie. D'entrée, le Maroc a tenté de jouer, une fois de plus, au trouble-fête. Le délégué du Palais royal a demandé d'impliquer le Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), nullement reconnu par la communauté internationale. Une réclamation vite avortée car étant contestée dans le fond et dans la forme par le Parlement européen. Espagnole de nationalité, la présidente de la délégation pour les relations avec le Maghreb et l'Union du Maghreb arabe (UMA), l'eurodéputée, Luisa Fernanda Rudi Ubeda a réservé une fin de non-recevoir à cette demande du Maroc. Premier revers. Pas de changement de programme après que les participants, les parties en conflit (le Maroc et le Polisario), l'Algérie en sa qualité d'observateur et un représentant de l'ONU, eurent convenu du programme de la conférence. «Tout changement dans le programme doit être soumis au préalable à l'approbation des autres participants», a fait savoir, à la partie marocaine, la présidente de la commission organisatrice de la rencontre. Celle-ci réunira, comme prévu, le ministre-délégué sahraoui pour l'Europe, Mohammed Sidati, les ambassadeurs d'Algérie, Halim Benattallah, du Maroc ainsi que le chargé de l'information de l'ONU pour l'UE et le Benelux. La Mauritanie a également été conviée, mais ne sera pas représentée à cette conférence. Un seul mot d'ordre a été placardé, tandis que les députés européens sont, d'ores et déjà, tous accrochés à l'idée d'appliquer nécessairement le droit international. Ainsi, cette rencontre vise à clarifier les enjeux du conflit sahraoui pour les eurodéputés. Ces derniers sont acquis, conformément aux principes du droit universel, à la légalité internationale et à une solution dans le cadre des résolutions pertinentes de l'ONU. Il n'y a pas longtemps, le président du Parlement européen a réitéré son appui, comme le stipulent les résolutions de l'assemblée qu'il préside, pour une solution dans le cadre du plan de règlement et des résolutions des Nations unies. L'ambassadeur d'Algérie auprès de l'UE, M.Halim Benattallah, a regretté le «désistement» de la partie marocaine, qui, «fuyant en quelque sorte» la confrontation des arguments, a recouru à un artifice qui a consisté à tenter de «crédibiliser une sous-délégation», le Corcas (Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes), non reconnu par la communauté internationale comme représentant du peuple sahraoui. M.Benattalah a exposé la position de l'Algérie qui est «en parfaite accord avec les résolutions du Parlement européen et les résolutions de l'ONU». L'ambassadeur d'Algérie relève que la dérobade de la diplomatie marocaine coïncide avec le «projet d'autonomie» qu'elle promeut auprès des puissances occidentales, qu'il qualifie «d'Arlésienne marocaine dont tout le monde entend parler, qui se trouve un peu partout, mais que personne n'a jamais vue». Mais en tout état de cause, s'agissant d'un projet de solution unilatérale, qui s'inscrit hors de la légalité internationale, «il n'a aucune chance de progresser». Fidèle à ses agissements, le Maroc a refusé la visite de la délégation ad hoc pour le Sahara occidental qui devait se rendre dans les territoires sahraouis occupés pour s'enquérir de la détérioration de la situation des droits de l'homme. Décidément, le Makhzen est mis à nu et ne bénéficie d'aucune marge au niveau des institutions internationales. La délégation ad hoc pour le Sahara occidental s'est déjà rendue aux camps des réfugiés sahraouis et continue, sans relâche et avec l'appui des autorités du Parlement européen, de demander à effectuer une mission d'information au Sahara occupé. Le Maroc risque d'être, de nouveau, désavoué par la plus haute instance européenne.