Le Palais royal marocain finance, instrumentalise et manipule une majorité d'associations civiles marocaines sur le sol européen. Il «harcèle» l'opinion européenne pour avoir l'appui de ses gouvernants à son annexion du Sahara occidental. Les immigrés algériens ont, eux, toujours observé une attitude de neutralité. Jusqu'à lundi dernier. Depuis, ils ont décidé de s'organiser...pour le Sahara libre. Face au déchaînement des médias marocains contre l'Algérie pour son soutien à la cause du peuple sahraoui, et face à la mise en branle de ses relais et officines en Europe sous le couvert d'associations civiles, définies selon la loi comme «apolitiques», mais qui se sont réveillées à la faveur des derniers développements politiques sur l'avenir du Sahara occidental, notamment l'échec consommé des pourparlers tenus à Manhasset (New York) sous l'égide de l'ONU, les Algériens vivant en Belgique ont décidé de réagir. Ils ont fondé, lundi soir à Bruxelles, «l'Association belgo-algérienne de soutien au peuple sahraoui». C'est que les Algériens de Belgique ont, jusqu'à ce lundi, toujours estimé que le mouvement associatif n'avait pas à manifester ouvertement et publiquement son soutien à la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination et à l'indépendance. Cela pour plusieurs raisons. D'abord le mouvement associatif a, par définition légale, une mission apolitique. Ensuite, la question sahraouie étant prise en charge par les Nations unies, il n'y avait pas lieu de compliquer aussi bien les efforts de l'ONU, que le dialogue amorcé entre les deux belligérants que sont le Front Polisario et le Maroc. Enfin, ils n'ont pas à exporter le différend algéro-marocain sur le sol du pays hôte, la Belgique. Mais l'attitude agressive de nombreuses associations marocaines vis-à-vis des Algériens sur la question du Sahara occidental a fini par pousser nos compatriotes à «monter sur le terrain». Puisque les autorités belges (et européennes) ne réagissent pas face à l'activisme politique chauvin et provocateur des nombreuses associations marocaines, malgré un statut qui leur interdit l'activité politique, il n'y a pas lieu pour les Algériens de ne pas défendre leur conviction dans la juste cause des Sahraouis et leur propre dignité. Ils s'organisent. Lundi soir, ils étaient nombreux à déclarer vouloir apporter leur aide aux Sahraouis. Il y avait comme invité pour la circonstance, le sénateur socialiste belge, Pierre Galand président, entre autres, des Comités de soutiens européens au peuple sahraoui, et des Associations d'aide au peuple palestinien. Il y avait comme invité d'honneur Mohamed Sidati, ministre sahraoui, représentant du Polisario auprès de l'Union européenne, quelques autres députés amis et des responsables d'associations civiles, ainsi que de simples compatriotes. Pierre Galand a été franc, direct. Il a fait le constat de la «politique des deux poids, deux mesures de l'Europe pour ce qui est de la question du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». Il a mis à l'index la responsabilité de l'Espagne et de la France dans leur silence et leur appui au fait colonial marocain au Sahara occidental, et ce, au détriment du droit international et des résolutions pertinentes de l'ONU. M.Galand ne se fait pas d'illusion: «Seule une mobilisation des opinions publiques européennes sur les injustices que vit le peuple sahraoui pourrait faire plier les gouvernements européens et les pousser à faire respecter le droit des Sahraouis à s'exprimer sur leur avenir», a-t-il résumé en substance. Il a également appelé à une solidarité plus active en direction des populations réfugiées et ceux qui se battent au Maroc comme ailleurs pour leur liberté. De son côté, M.Sidati a rappelé les trahisons par le pouvoir marocain de ses propres engagements après le cessez-le-feu unilatéral du Polisario en 1991, notamment ses engagements suite aux accords de Houston de 1997, ou encore ceux contenus et énoncés dans les plans Backer... Il a informé l'assistance sur la lutte et la résistance pacifique des Sahraouis jusque dans les territoires occupés et s'est interrogé sur le but de l'attitude conciliante de certains pays européens vis-à-vis de l'occupation marocaine de son pays. Les présents à cette rencontre fondatrice de la nouvelle Association belgo-algérienne de soutien au peuple sahraoui, ont désigné un bureau provisoire présidé par Mustapha Benhalima, un manager algérien dans une grande société industrielle. Le bureau provisoire s'est d'ores et déjà fixé comme première action sa participation, la semaine prochaine, à la rencontre à Bruxelles des Associations européennes de solidarité avec le peule sahraoui.