Des performances réalisées par les trois clubs algériens dans ce week-end africain, celle des Chélifiens est la plus remarquable. Ils l'ont rêvé, ils l'ont fait. Dans l'histoire africaine des clubs algériens, il est de hauts faits sportifs qui ont marqué à jamais les esprits. Il s'agit des performances de nos représentants dans des occasions où on ne leur accordait, pratiquement, aucune chance de se qualifier mais dans lesquelles, malgré tout, ils ont fini par forcer le destin et fausser tous les pronostics. Dans cette histoire, le Mouloudia d'Alger fut bien près d'inscrire, une nouvelle fois, son nom, ce dimanche, après l'avoir fait une première fois en 1976, en remportant la finale retour de la Coupe des champions contre les Guinéens du Hafia de Conakry qui avaient pensé avoir accompli un grand pas vers le trophée en s'imposant, lors de la finale aller, sur le score de 3 buts à 0. Ce Mouloudia-là avait réussi à revenir au score, 15 jours plus tard, puis à se montrer plus adroit que son adversaire lors de la série de tirs au but. 31 ans plus tard, ce même MCA, dans un 16e de finale de la coupe de la CAF, a récidivé en matière d'égalisation au score face aux Nigérians de Kwara United, mais a échoué dans sa tentative de qualification dans la série de tirs au but. L'élimination des Vert et Rouge a été perçue comme un goût d'inachevé qui a, d'ailleurs, gâché la fête. Il reste qu'au niveau purement sportif, le fait d'avoir remonté le handicap de trois buts était une performance des plus remarquables, d'autant que le club algérien s'était présenté sur le terrain sans une armada de joueurs titulaires, tous suspendus. Deux jours plus tôt, au stade Omar Hamadi de Bologhine, la JSK avait donné le ton en se qualifiant pour les 8es de finale de la Champion's League africaine en dominant les Gabonais du Mangasport sur le score de 3 buts à 0, réussissant, au passage, à renverser une situation qui ne lui était pas du tout favorable à l'issue du match aller. Le plus titré des clubs algériens ne faisait là que faire honneur à son statut car il aurait été inconcevable de voir la JSK se faire sortir par un adversaire au palmarès africain quasi vierge. Le football algérien pouvait se contenter des ces deux sorties continentales, même si l'une d'elles n'a pas été couronnée d'une qualification. Il pouvait s'en contenter juste pour oublier ses déboires et la crise qui le secoue. Cependant, dans le scénario qu'on nous proposait dans ce week-end africain, il était un 3e club algérien qui n'avait pas eu les honneurs des unes de l'actualité sportive. Ce fut tout juste si on avait parlé de lui. Comme si, pour le commun des mortels, il n'y avait pas de quoi s'étaler sur lui. C'était, pourtant, un club authentiquement algérien et qui comme le MCA, était engagé en coupe de la CAF. Malheureusement, le «star system» érigé comme ligne de conduite dans notre presse fait que ce genre de club n'a droit, presque, qu'à des entrefilets alors que cela fait un certain nombre d'années qu'il se faufile parmi les meilleurs clubs du championnat national. Sa réussite dérangeait quelque part, surtout qu'il fait partie de ces clubs démunis qui se contentent de «vivoter» tout en faisant confiance à de jeunes joueurs inconnus mais au talent supérieur à celui de bon nombre de ces pseudo-vedettes évoluant dans des clubs plus nantis. L'ASO Chlef, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, ne s'était vu accorder que quelques lignes à l'occasion de ce 16e de finale retour, parce qu'on avait cru qu'elle avait consommé toutes ses chances de qualification en concédant, chez elle, lors du match aller le match nul aux Egyptiens de l'Enppi. Il faut avouer qu'avec un tel résultat, on part avec un grand handicap lors du match retour, d'autant que celui-ci se joue chez l'adversaire. Seulement, tant qu'une rencontre ne s'est pas jouée, il ne faut jurer de rien et toute équipe dont l'on pense qu'elle est défavorisée doit bénéficier du doute. En d'autres termes, il ne faut pas l'enterrer trop rapidement. L'Enppi l'a appris à ses dépens, lui qui pensait avoir fait l'essentiel, 15 jours plus tôt à Chlef. Il se trouve que cette équipe égyptienne est simplement tombée sur un Onze chélifien nullement décidé à la laisser agir à sa guise. Usant d'une stratégie, vieille comme le monde, consistant à obliger l'adversaire à attaquer pour mieux se découvrir, l'ASO a su mener à bon port le bateau qu'elle dirigeait. Il lui a suffi pour cela de profiter d'une superbe action à la 21' qui vit Tammoura déborder sur le côté gauche avant d'adresser un centre «assassin» dans le dos des défenseurs égyptiens, centre qui fut repris victorieusement par Boukhari qui s'était présenté en position d'avant-centre devant le but adverse. Il restait encore du temps pour les Egyptiens pour tenter de revenir au score, mais ils ne purent jamais désarçonner la défense des Algériens, qui ont évolué à leur aise sans s'affoler. Du travail bien fait pour une qualification amplement méritée. Et à coup sûr, le plus beau des exploits des clubs algériens en ce week-end africain. Une grande performance qu'il faudra désormais citer comme référence lorsqu'il s'agira de parler des chances des clubs, pas seulement algériens, dans une compétition continentale. Assurément l'ASO Chlef mérite tous les éloges.