Les tribunaux ont prononcé, ces dernières semaines, des condamnations par contumace allant de 20 ans de prison ferme à la peine capitale à l'encontre de plus d'une centaine de terroristes, dont plusieurs chefs. Condamnation à mort pour Hassan Hattab et Mokhtar Ben Mokhtar pour «constitution de groupes terroristes armés, atteinte à l'intégrité des intérêts de l'Etat, assassinat avec préméditation, incendie volontaire, vol et port d'armes prohibé». Condamnation de Saâdaoui Abdelhamid dit «Yahia Abou El Haitham», le chef de la zone 2, à 20 ans de réclusion pour «adhésion à un groupe terroriste et menace de mort». Probable condamnation à mort pour Ammari Saifi, dit «Abderrazak al-Para» pour les mêmes chefs que Hattab, avec en plus, le rapt de 32 touristes européens, demande de rançon, et constitution d'un groupe armé transnational hors de l'Algérie. Les tribunaux ont prononcé, ces dernières semaines, des condamnations par contumace allant de 20 ans de prison ferme à la peine capitale à l'encontre de plus d'une centaine de terroristes armés en fuite, dont plusieurs chefs. Toutes les chancelleries occidentales ont relevé cette propension à traiter, ici et maintenant, les affaires liées au terrorisme. Dans les échanges que nous avons eus avec elles, leur souci premier était de dire si cela constitue une ´´fin finale´´ de la réconciliation nationale. D'autres questions ont été au centre des débats dont celle qui a trait à Hassan Hattab. Celui-ci avait rallié le camp des «trêvistes» et annoncé en grande pompe son adhésion à la réconciliation nationale, ce qui lui avait attiré les foudres de la direction du Gspc, qui, après l'avoir exclu de ses rangs, l'avait lacéré en long et en large dans un communiqué impitoyable signé par l'actuel chef du Gspc, Abdelmalek Deroukdel lui-même. En fait, cette série de condamnations par contumace allant de 20 ans de prison ferme à la peine capitale, à l'encontre des chefs du Gspc et des sous-fifres, présente plusieurs plans de lecture: politique, «sécuritaire», juridique et de renseignement. La Charte pour la paix et la réconciliation nationale prévoyait «dans les temps», l'extinction des poursuites judiciaires à l'encontre des individus qui se sont rendus aux autorités depuis le 13 janvier 2000, date de forclusion des effets de la loi portant concorde civile. Prévoyait aussi l'extinction des poursuites à l'encontre de tous les individus qui mettent fin à leur activité armée et remettent les armes en leur possession. La Charte prévoyait aussi l'extinction des poursuites judiciaires à l'encontre des individus recherchés, sur le territoire national ou à l'étranger, qui décident de se présenter volontairement devant les instances algériennes compétentes. -Quatrièmement: Extinction des poursuites judiciaires à l'encontre de tous les individus impliqués dans des réseaux de soutien au terrorisme qui décident de déclarer, aux autorités algériennes compétentes, leurs activités. La Charte désignait aussi l'extinction des poursuites judiciaires pour les individus condamnés par contumace, ainsi que la grâce pour les individus condamnés et détenus pour des activités de soutien au terrorisme et pour les individus condamnés et détenus pour des actes de violence. Mais dans tous les cas, n'étaient pas concernés par l'extinction des poursuites les individus impliqués dans les massacres collectifs, les viols et les attentats à l'explosif dans les lieux publics. Si on suit cette série de mesures, on comprend mieux le souci des autorités de «boucler» au moins des dossiers en suspens. Les tribunaux doivent d'abord donner leur verdict par contumace, afin de savoir à quoi s'en tenir si demain, un terroriste venait à se repentir et demanderait à bénéficier des mesures de grâce. Ce cas de figure pourrait s'appliquer par exemple, à Hattab. Celui-ci s'est mis sous l'autorité militaire, avant de «revoir ses conditions de trêve à la hausse». Exclu du Gspc, condamné à mort, il sait au moins quelle peine l'attend et les autorités lui donnent ainsi la marge de manoeuvre dans laquelle il pourra mener la négociation. Sur un autre plan, cette condamnation peut servir à lui rendre quelque crédit auprès de ses anciens compagnons du Gspc, comme elle peut lui servir à jouer les «prolongations» dans les maquis. Evidemment, le cas de Ammari Saïfi est tout autre. C'est un chef en armes d'une organisation armée, capturé dans le Tibesti et remis aux autorités algériennes. C'est aussi un homme poursuivi par la justice internationale pour le rapt de 32 touristes, dont une otage, une Allemande, est morte des suites d'une insolation. Les autres objectifs des autorités par le biais de cette série de condamnations restent conditionnés par les périls de la lutte antiterroriste, et peuvent se résumer aussi, soit par le souci de se montrer quasi inflexibles, après des mesures de Charte jugées particulièrement clémentes, soit par la fin des négociations avec les irréductibles du Gspc. A chacun de décoder selon son angle de vue et les objectifs ciblés. Les terroristes, eux, sauront décrypter. Mais il est aussi certain que si demain, un de ces chefs recherchés choisit le chemin de la trêve, les autorités sauront encore trouver les mots et les mesures qu'il faut pour l'accueillir...