«J'ai eu à étudier dans le cadre de cette affaire entre quarante et cinquante dossiers, soit près de 3200 photocopies», affirme l'expert agréé auprès des tribunaux. Le procès du groupe Digimex, incriminé dans une affaire de détournement de fonds publics estimés à plusieurs milliards de dinars qui se sont volatilisés de l'agence Badr de Birkhadem, s'est poursuivi hier à la cours d'Alger. Au cours de cette audience, la présidente du tribunal a passé une bonne partie de ce deuxième jour du procès à entendre le délégué par la justice évaluer l'énorme préjudice subi par la Banque agricole du développement rural (Badr). Et cet expert, mandaté par la justice, s'il a pu évaluer le préjudice financier qu'il estime à plus de 11 milliards de dinars, il était, en revanche, dans l'incapacité de déterminer qui en est l'auteur. «Il m'est vraiment difficile, madame la présidente, de vous dire qui est exactement le responsable dans cette affaire et qui ne l'est pas», a-t-il répondu à la présidente du tribunal qui l'interrogeait à ce sujet. Il a affirmé également que la mission qu'il a accomplie en l'espace de deux mois consistait uniquement à vérifier si l'octroi par la Badr des lignes de crédits au profit du groupe Digimex s'est effectué conformément aux règles imposées par la procédure légale, soit dans le cadre de la législation en vigueur. Et au grand bonheur des responsables de Digimex impliqués dans cette affaire, l'expert a déclaré que ce groupe, composé de trois entreprises, a bel et bien respecté la procédure d'octroi de crédits. «J'ai eu à étudier dans le cadre de cette affaire entre quarante et cinquante dossiers, soit près de 3200 photocopies, et croyez-moi, madame la présidente, que je n'ai décelé aucune anomalie ayant trait au respect de la procédure d'octroi de crédits par Digimex auprès de la banque Badr», a-t-il affirmé. Et d'ajouter que le groupe Digimex a pu réunir toutes les garanties nécessaires pour bénéficier d'un crédit auprès de la Badr. Il précisera, néanmoins, que le comité de crédit au niveau de cette banque est souverain dans sa décision d'accorder ou pas un crédit à ses clients. En ce sens, l'expert, entendu hier a révélé que ce sont pas moins de 16 autorisations de crédits qui ont été octroyées au profit de Digimex durant la période allant de 2002 à 2005. La dernière autorisation date de mars 2005 et son montant dépasse les 4,2 milliards de dinars, selon toujours le même expert. Ce dernier a expliqué que chaque autorisation de crédit annule la précédente, tout comme il mentionnera au sujet de celle notifiée en mars 2005, que le montant des garanties déposées par Digimex n'a pas atteint le seuil de 2 milliards de dinars (plus 1,8 milliard seulement). De plus, le même expert a laissé entendre que l'argent dont a profité Digimex a permis aux entreprises relevant de ce groupe de mieux fonctionner et aussi à se doter davantage d'équipements. Il citera, en ce sens, l'achat de 50 camions pour un montant de 700 millions de centimes chacun. Pour ce qui est des 643 traites restées impayées au niveau de la trésorerie de l'agence Badr de Birkhadem, et ce, après avoir été rejetées par la banque ABC, sise à Dely Ibrahim pour le motif d'insuffisance de provision, l'intervenant notera que le montant de celles-ci est de l'ordre de 5,5 milliards de dinars. A propos de ces traites, l'expert agréé a déclaré que celles-ci étaient transférées le jour même de leur dépôt au niveau de la Badr à destination de la banque ABC. Ce qui constitue, à ses yeux, une grave anomalie, étant donné que ce genre de transfert ne devrait s'effectuer qu'après un délai de 90 jours.